Syndicalisme

Comment favoriser la cohésion interne?

29 juin 2024

Au cours du dernier triennat, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a entrepris des travaux afin de favoriser la cohésion interne. L’atelier sur le sujet proposé à l’occasion du 44e Congrès de la CSQ a permis de nourrir la réflexion et d’outiller les congressistes.

Par Mélanie Fortier, conseillère FSE-CSQ | Photo : Pascal Ratthé

Fournir des clés de réflexion sur les manières de renforcer la cohésion interne était l’objectif avoué du conférencier invité, Christian Lévesque. Professeur titulaire à HEC Montréal et codirecteur du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail, il a partagé sa grande expertise avec les personnes participantes. Avec elles, il a exploré les éléments qui influencent la confiance envers les institutions et les motivations liées à l’engagement.

Les crises et les transformations des institutions du travail

Pour Christian Lévesque, les institutions du travail se définissent comme étant les règles qui façonnent nos façons de penser et d’agir. Ainsi, les différentes crises que la société a connues dans les dernières années ont influencé, et influencent toujours, la perception du travail. En effet, les crises sanitaire, économique, climatique et démocratique interagissent et s’additionnent pour modifier notre relation avec le travail. Pensons par exemple à la crise sanitaire, qui a intégré à grande échelle le télétravail. Pensons aussi aux réseaux sociaux et aux informations qui y circulent, qui confrontent la légitimité des institutions, incluant les syndicats.

La confiance dans les institutions et la cohésion syndicale

Christian Lévesque a expliqué aux participantes et aux participants que la cohésion interne est basée sur la confiance envers les institutions. Alors que, de leur côté, la confiance ainsi que la légitimité accordées aux institutions reposent sur l’expérience vécue. À partir de cette expérience, la pertinence des institutions est évaluée. Ainsi, si elles sont jugées souhaitables, appropriées et adaptées, nous serons plus enclins à nous y investir et nous y engager.

Ainsi, pour changer la perception de ces institutions, notamment les syndicats, il faut changer l’expérience.

Le travail syndical de renforcement de la cohésion

La compétition est vive pour les syndicats afin de recueillir l’engagement des membres. Alors qu’auparavant, il y avait une confrontation employeur/syndicat, les causes et les raisons de s’engager sont maintenant multiples.

Christian Lévesque

De plus, chaque personne peut se définir selon différentes identités, notamment son genre, son orientation sexuelle, sa classe sociale et ses idées. Ainsi, le syndicat doit y trouver sa place et faire une hiérarchisation parmi ces identités pour rejoindre ses membres. Pour arriver à les toucher, il doit expliquer les enjeux et trouver une manière mobilisante de raconter une histoire. C’est d’autant plus important que ce ne l’était auparavant puisque, rappelons-le, la concurrence est forte pour obtenir l’attention des membres.

Des solutions pour renforcer la cohésion interne

Loin de proposer une recette miracle, Christian Lévesque a partagé les éléments favorisant la cohésion interne qui ressortent de ses travaux de recherche.

D’après lui, il importe de bien connaître les membres de son milieu de travail et de bien connaître qui, parmi ces personnes, sont favorables ou défavorables au syndicat afin d’être en mesure de cibler les problèmes concrets des membres et d’écouter leur avis sur les causes et les solutions aux problèmes.

Afin de renforcer la cohésion interne, il importe de se rapprocher des membres, notamment en prévoyant une structure d’accueil. Les membres doivent pouvoir associer le syndicat à un visage. Se rapprocher des membres se fait aussi en organisant des activités stimulantes et en développant de nouveaux mécanismes de communication tout en favorisant des relations de proximité.

De plus, la diffusion des valeurs et des bons coups du syndicat est nécessaire afin que les membres découvrent le travail qui se fait dans l’ombre. Le partage du pouvoir jumelé à la reconnaissance du droit à l’erreur sont également des pistes de solutions à privilégier. Finalement, la création d’alliances avec des organisations externes contribue à renforcer la cohésion interne.

Si plusieurs éléments peuvent sembler évidents, il y a fort à parier que les personnes participantes à l’atelier sont reparties avec de nouvelles idées à mettre en place dans leur milieu!