Éducation

Quels enjeux en éducation?

28 juin 2024

L’éducation est depuis toujours un axe central de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). L’atelier sur l’éducation proposé aux personnes déléguées dans le cadre du 44e Congrès a permis de mettre en relief plusieurs enjeux actuels et de proposer certaines solutions. 

Par Sébastien Bouchard, conseiller CSQ | Photos : Pascal Ratthé

Présentement professeure au Département de science politique de l’Université de Montréal, la conférencière invitée Véronique Hivon a ouvert le bal en soulignant que l’éducation était un tremplin et un vecteur de confiance envers les institutions.

L’éducation favorise le développement des connaissances et de l’esprit critique. Cela est particulièrement le cas du cours Culture et citoyenneté québécoise. L’éducation aide à la socialisation, à la participation et à l’engagement dans la vie scolaire, même des élèves les moins engagés et les plus timides. Elle vise l’égalité des chances, de la petite enfance jusqu’aux études supérieures. Enfin, elle représente la première véritable institution avec laquelle on entre en contact dans notre vie.

 

Véronique Hivon

Véronique Hivon a ensuite abordé certains enjeux et défis. Une véritable valorisation de l’école publique et de celles et ceux qui y travaillent doit avoir lieu, ce qui implique qu’il faut plus qu’un adulte par classe. Il faut également du personnel avec une formation adéquate. Un participant a d’ailleurs exprimé qu’il est nécessaire de garder des standards élevés de la formation des maîtres.

Elle a souligné que la grève de l’automne 2023 a mené à une prise de conscience à long terme de la population, des personnes élues et des gestionnaires sur les enjeux en éducation.

L’éducation comme bien public

L’ancien président du Conseil supérieur de l’éducation et professeur à la retraite, Claude Lessard, était également invité à prendre la parole lors de la conférence. Il a rappelé que l’éducation est aussi un lieu pour reproduire la culture, la langue et la nation, pour fabriquer la société et la cohésion et pour favoriser le développement économique, ce qui en fait un bien commun. C’est un lieu de vivre-ensemble où l’on vit avec la diversité des origines et des capacités des autres, où l’on vit la socialisation. À l’opposé, le développement de l’approche client et la mise en marché des écoles comme un bien à vendre en font un bien privé. Une mobilisation citoyenne et syndicale sera nécessaire pour rééquilibrer le bien commun.

 

Claude Lessard

Pour le professeur à la retraite, l’éducation permet aussi la mobilité sociale. Ce fut le cas après la Révolution tranquille, où l’on disait : « Qui s’instruit s’enrichit. » Claude Lessard se pose tout de même la question de la valeur du diplôme d’études secondaires (DES) comme norme sociale à atteindre. Il se demande aussi comment s’organiser pour que l’éducation, avec tout le temps qu’on passe sur les bancs d’école, soit plus amusante pour les élèves et le personnel.

Quelle égalité des chances?

La question de l’école à trois vitesses a également été abordée par plusieurs participantes et participants à l’atelier. Avec l’écrémage causé par l’école privée et les projets sélectifs, on se demande si la classe régulière existe encore. On indique aussi que les projets sélectifs ont un effet sur l’éducation à la citoyenneté en réduisant le contenu de plusieurs cours, dont Culture et citoyenneté québécoise. Beaucoup de temps et d’argent sont investis dans les projets particuliers au détriment du reste, et le ministre actuel veut accentuer ce déséquilibre.

Si toutes et tous sont pour l’égalité des chances, les solutions à mettre en place ne sont pas évidentes pour tout le monde. Certaines personnes participantes à l’atelier ont mentionné qu’il faudrait reprendre la position historique de la CSQ et abolir le financement public des écoles privées. D’autres ont affirmé qu’il faudrait améliorer l’école publique et trouver un moyen pour que les élèves en difficulté puissent s’épanouir.

D’après Claude Lessard, qui était président du Conseil supérieur de l’éducation lors de la publication du rapport Remettre le cap sur l’équité en 2016, les dérives qui y sont décrites sont toujours d’actualité.

Que faire?

Selon plusieurs congressistes, le Québec est mûr pour une nouvelle réforme Parent ou de nouveaux états généraux « 2.0 » sur l’éducation. Véronique Hivon croit qu’il faudrait partir de l’expertise des personnes sur le terrain, organiser une vaste consultation et effectuer un travail transpartisan. Si la mobilisation syndicale doit être le moteur de changement, elle doit rejoindre toute la société, incluant les parents. Il sera important d’avoir des propositions concrètes à soumettre, comme celles proposées par École ensemble contre l’école à trois vitesses.

En attendant, il faudrait établir des politiques plus cohérentes. Véronique Hivon souligne l’importance d’évaluer les programmes et politiques pour bien vérifier ce qui fonctionne. L’absence de réponse à certains besoins et attentes des élèves et de leurs parents, par exemple en établissant des plans d’intervention sans toutefois fournir les services nécessaires, a aussi été mentionnée. L’incohérence des modifications à la Loi sur l’instruction publique (passage de la décentralisation à la centralisation) et la bureaucratisation des cégeps ont aussi été évoquées.

Le rôle de l’éducation dans un contexte d’inaction climatique a été mentionné. Plusieurs personnes participantes ont mentionné le rôle joué par le Mouvement ACTES de la CSQ et le cours Culture et citoyenneté québécoise.

D’autres questionnements ont été soumis à la réflexion. La petite enfance devrait-elle être intégrée au ministère de l’Éducation? Comment valoriser la formation professionnelle dans un contexte de multiplication des formations courtes? Quel est le projet de sortie que l’on souhaite pour l’atteinte du DES?

Pour conclure, reprenons les propos de Claude Lessard fortement appréciés par les participantes et participants à l’atelier. Il a souligné l’importance de transmettre le plaisir d’apprendre et de passer d’une éducation fondée sur l’approche client à une école considérée comme bien commun.