Congrès
Une importante délégation internationale au Congrès de la CSQ
27 juin 2024
Dans le cadre de son 44e congrès, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) accueille 13 invités internationaux en provenance du Chili, de la France, d’Haïti, du Mali, des Philippines, de la République démocratique du Congo et de Roumanie, auxquels s’ajoutent plusieurs invités en provenance d’autres provinces canadiennes.
Par Luc Allaire, conseiller CSQ | Photos : Pascal Ratthé
Au moment où la démocratie est attaquée dans de nombreux pays dans le monde, la solidarité syndicale internationale prend tout son sens. Lors de la journée précongrès qui a eu lieu le 25 juin dernier, les invités internationaux ont témoigné des défis qu’ils vivent actuellement dans leur pays.
Ainsi, la représentante du Syndicat national des enseignements de second degré – Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU) et présidente du Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF), Claire Guéville, a parlé de la crise de régime que vit la France depuis les élections européennes où l’extrême droite a obtenu 40 % des voix.
Le soir même, le président Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale, provoquant des élections législatives dont le 1er tour aura lieu le 30 juin et le 2e tour, le 7 juillet. Le président Macron a même parlé d’un risque de guerre civile au lendemain d’une éventuelle victoire de l’extrême droite à ces élections. « La situation est grave, a-t-elle dit. La répression policière augmente, on assiste à une criminalisation de dirigeants syndicaux qui subissent des menaces et de l’intimidation. Heureusement, ajoute-t-elle, la gauche a su se réunir au sein du Nouveau Front populaire (NFP), qui est appuyé par les organisations syndicales. »
La secrétaire générale de la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (CNEH), Magalie Georges, a ensuite témoigné des problèmes qui affectent Haïti : « Les écoles sont fermées depuis plusieurs mois, certaines sont occupées par des gangs armés qui utilisent des écoles comme bases. D’autres écoles sont utilisées comme refuges par des personnes déplacées. »
Magalie Georges a dénoncé l’embargo d’armes qui est imposé à la police et à l’armée haïtiennes alors que les gangs sont très bien armés. L’ONU a voté une résolution, l’année dernière, pour l’envoi d’une force multinationale pour ramener la paix, mais on l’attend encore. « Il y a une lueur d’espoir avec la nomination d’un nouveau gouvernement de transition, mais les défis sont nombreux », a-t-elle ajouté.
Magalie Georges a dénoncé l’indifférence de la communauté internationale face au drame qui se déroule dans son pays. « Il y a eu plus de morts en Haïti qu’à Gaza, et pourtant, il y a une indifférence totale. Heureusement, nous pouvons compter sur la solidarité de la société civile et des organisations syndicales, notamment en provenance du Québec. Nous avons besoin de votre solidarité, car la démocratie ne peut fleurir que dans la sécurité. Sans soutien extérieur, je ne crois pas que nous pourrons arriver à rétablir la sécurité à Haïti, qui, rappelons-le, a été le deuxième pays à obtenir son indépendance dans les Amériques. »
Le secrétaire général du Syndicat national de l’éducation et de la culture / Union nationale des travailleurs du Mali (SNEC-UNTM), Moustapha Guitteye, a présenté la situation au Sahel, région du Mali, où un coup d’État a eu lieu, de même qu’au Burkina Faso et au Niger. « Ces coups d’État représentent des reculs pour la démocratie », a-t-il souligné. Il a ajouté que le choix des présidents de ces trois pays, bien qu’ils aient été élus, avait été imposé par la France et les pays colonisateurs. Voilà pourquoi ces coups d’État ont reçu un certain appui de la population.
Moustapha Guitteye a souligné le rôle des syndicats pour maintenir la langue française comme langue officielle du Mali : « Nous avons fait comprendre au gouvernement que nous dénoncions le gouvernement français, mais pas la France ni la langue française. » La solidarité entre organisations syndicales des pays francophones est par conséquent primordiale.
Enfin, le secrétaire général de la Fédération nationale des enseignants et éducateurs sociaux du Congo / Union nationale des travailleurs du Congo (FENECO-UNTC), Augustin Tumba Nzuji, a présenté la situation en République démocratique du Congo (RDC). Il a, lui aussi, insisté sur l’importance de la solidarité des syndicats des pays francophones : « La guerre continue à sévir à l’est de la RDC. Les milices du M23, appuyés par le Rwanda, occupent militairement le Nord-Kivu où ils pillent les richesses naturelles, notamment le coltan, qui est essentiel à la production des téléphones cellulaires et des ordinateurs portables. La preuve en est que le Rwanda est devenu le premier pays exportateur de coltan au monde, alors qu’il n’y a aucune mine de coltan au Rwanda. Cette guerre a provoqué des millions de morts, des millions de personnes déplacées, et des millions de femmes ont subi des violences sexuelles. »
Augustin Tumba Nzuji a dénoncé le fait que l’Organisation internationale de la Francophonie soit dirigée par une ressortissante rwandaise, grâce à l’appui du gouvernement français. Selon lui, une autre Francophonie est possible, fondée sur la solidarité entre organisations syndicales et organisations de la société civile des pays francophones.
Plusieurs invités internationaux en provenance du Burundi, du Sénégal, du Burkina Faso, de Guinée et du Bénin n’ont malheureusement pas pu se joindre au Congrès de la CSQ faute d’avoir réussi à obtenir leur visa. La Centrale tient toutefois à les saluer chaleureusement.