Les maux de la langue

Casse-croûte et pique-nique

19 juin 2024

Au 18e siècle, le casse-croûte est un petit outil servant à casser littéralement la croûte du pain pour les personnes âgées qui n’ont plus de dents et, au siècle suivant, c’est la pause que prennent les ouvriers pendant leur travail que l’on nomme ainsi. Graduellement, ce terme finit par désigner les petits repas que s’apportent les gens pour manger rapidement sur leurs lieux de travail, car, avec la Révolution industrielle, la pause-repas est de courte durée.

Par Martine Lauzon, réviseure linguistique

Puis, au début du 20e siècle, apparaissent de petits restaurants qui préparent des mets simples (fèves au lard, sandwiches, hot-dogs, etc.) que l’on emporte ou que l’on consomme au comptoir. Au Québec, on les nomme casse-croûtes. Encore aujourd’hui, le nom casse-croûte désigne ce genre d’établissement et aussi un repas léger que l’on apporte au travail, à l’école ou dans une activité de plein air : le lunch.

Le pique-nique, c’est, à notre époque, la version loisir du casse-croûte. Même si ce terme apparaît lui aussi au 18e siècle, la pratique du pique-nique date du Moyen Âge, alors que les personnes travaillant dans les champs prenaient le temps de faire un vrai repas champêtre.

Il semble que le mot pique vienne du verbe piquer, dans le sens de « picorer », à l’image d’une poule qui picore des graines, et que le mot nique désigne une « petite chose sans valeur ». En les combinant, on obtient le fait de picorer de petites choses, apportées par tout un chacun, pour un repas convivial en extérieur.

Alors, qu’est-ce qui différencie maintenant le casse-croûte pris en extérieur du pique-nique? L’un se prend sur le pouce, alors que l’autre est un moment de plaisir et de partage où l’on prend son temps. Les vacances nous permettent de passer de l’un à l’autre.

Saviez-vous que…?

Avoir de l’appétit pour (quelque chose) est une expression déconseillée, calquée de l’anglais there is no appetite for. Ici, le mot appétit est employé dans le sens de « goût, penchant, envie » et il doit normalement être suivi de la préposition de (appétit de vivre, appétit de pouvoir) et non de pour. On nous suggère de remplacer cette expression, qu’on rencontre aussi en mode négatif, par : avoir le goût deavoir soif deavoir un penchant pouravoir un intérêt pourêtre attiré paravoir envie deêtre enclin à ou son contraire.