Conférence Uni(e)s pour l'éducation de qualité
Les technologies de l’information et des communications au service de l’éducation ?
2 juin 2014
Au cours des dernières décennies, la façon dont les gens vivent leur vie a radicalement changé. Les nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) ont modifié la vitesse de transmission des connaissances, le monde du travail, l’économie et même la socialisation ! Les frontières entre travail, apprentissage, loisirs et vie privée s’effacent. On ne peut plus reculer, rien ne sert de s’opposer à ces changements, il faut plutôt les adopter et s’y adapter.
Ces technologies ont un potentiel extraordinaire, mais posent également des défis importants. Par exemple, on a aujourd’hui la possibilité d’équiper d’ordinateurs, certains villages éloignés, pour permettre aux élèves d’avoir accès à plus d’information. Cependant, il ne faut pas en venir à oublier d’associer cet ordinateur à une enseignante ou un enseignant pour aider les élèves à bien utiliser la technologie.
Les participantes et participants à cet atelier étaient unanimes, il faut que la technologie soit au service de l’enseignement, pas le contraire, d’autant plus que les études d’impact sur les effets qu’ont les TIC sur l’accès à l’éducation ne sont pas concluantes. Pensons aux classes virtuelles mises en place par de plus en plus d’universités. Certes, elles permettent à des milliers d’usagers d’assister à un cours universitaire, cependant, la plupart des élèves inscrits ont déjà un diplôme et utilisent cette technologie comme complément de formation. Cela ne sert donc pas à accroître l’accès.
Un accès à deux vitesses
Bien que le personnel enseignant doive être impliqué, avoir la formation, l’appui et la confiance des directions dans son utilisation pédagogique de la technologie, il faut également que les élèves aient un accès équitable aux TIC.
Il y a de fortes attentes quant au fait que ces technologies facilitent l’accès à l’éducation. En théorie, c’est vrai, les gens vivant loin des grands centres pourraient avoir un meilleur accès à la connaissance. Cependant, il existe une difficulté d’accès, non seulement au matériel technologique, mais également une difficulté d’accès culturelle (digital gap). Toutes les communautés ne sont pas aussi habituées à utiliser les TIC.
Il est difficile de penser qu’on pourra régler ce problème sans régler d’abord les inégalités sociales. Ce n’est pas uniquement un défi générationnel, c’est aussi une question socioéconomique. Il ne faut pas que cette évolution dans les méthodes d’enseignement soit réservée à une classe de privilégiés.
Les TIC au service de l’éducation, pas le contraire
Il importe également de s’assurer, avant tout, que la technologie soit développée en fonction des besoins scolaires. Pour ce faire, il faut absolument que le personnel de l’éducation soit en première ligne de ce développement et qu’il suive une formation adéquate pour s’approprier cette technologie et aider à son évolution.
L’éducation doit être au premier plan, jamais à la remorque de la technologie. La technologie est un outil, pas une solution de rechange au personnel enseignant. Apprendre ne se fait pas par magie, il faudra toujours une enseignante ou un enseignant pour accompagner l’élève dans son apprentissage.
Si on veut améliorer l’accès à l’éducation, il ne faut pas tomber dans le piège des besoins du marché, mais garder la démocratie en tête. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que les grandes corporations de logiciels, de tablettes, d’ordinateurs, de tableaux numériques interactifs, ont des produits à écouler et que pour s’assurer une grande marge de profit, ils ne peuvent pas trop diversifier l’offre. Il y a là un danger d’accroître une certaine hégémonie culturelle.
Le monde de l’éducation doit travailler à réduire les inégalités à l’aide des technologies, non pas le contraire !
Liens pertinents
- L’iPad à l’école, planche de salut ou simple outil marketing ?