Montréal, le 6 janvier 2014. – Face à un sentiment antisyndical grandissant et à une offensive législative du gouvernement conservateur réduisant considérablement le pouvoir d’agir des syndiqués et de leurs organisations, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) en appelle à se pencher sur l’état de situation du syndicalisme au pays et souhaite faire de 2014 l’année du syndicalisme au Québec.
« Le mouvement syndical se dresse comme rempart face aux inégalités et est porteur de valeurs comme la justice sociale et la solidarité », rappelle Louise Chabot, présidente de la CSQ. Les sociétés ayant les plus forts taux de syndicalisation sont celles où les écarts de richesse entre les riches et les pauvres sont les moins importants.
Des attaques ciblées
Malgré les retombées positives, notamment économique, du syndicalisme sur l’ensemble de la société, les organisations syndicales tombent sous le coup d’attaques d’une rare virulence partout au pays. Ces attaques législatives ne sont pas sans rappeler celles qu’ont subies les organisations syndicales dans certains États américains, inspirées par les éléments les plus extrémistes du Tea Party.
« Prétextant un déficit démocratique qui est loin d’être démontré, les conservateurs fédéraux veulent nous imposer des normes si sévères que même les partis politiques n’y sont pas soumis. Car si tel devait être le cas, nous aurions de la difficulté à élire un gouvernement! »
Redonner sa force au mouvement
« Au Québec, le mouvement syndical a toujours milité pour réduire les inégalités et maintenir l’accès à des services publics de qualité pour toute la population », poursuit Louise Chabot. Cependant, les attaques répétées au mouvement syndical ces dernières années ont poussé la CSQ à réfléchir à des moyens de redonner sa force au mouvement.
« Nous savons que ces préoccupations sont partagées par toutes les organisations syndicales au pays. C’est dans cet esprit que nous leur tendons la main et les invitons à faire le point sur la situation. Nous devons aller de l’avant et nous porter à la défense des acquis sociaux, redonner une image plus positive du syndicalisme, et renverser la tendance des inégalités.»
Conformément à plusieurs résolutions adoptées lors de divers congrès, la CSQ travaillera étroitement avec les autres organisations afin de définir plus précisément la forme que prendra cet événement. « Pour ma part, je crois que nous devrions également ouvrir nos portes à nos alliés naturels, les organisations communautaires et citoyennes mais également aux politiciens, tous partis confondus, pour qu’ils comprennent eux aussi où mènent les idéologies de droite avec lesquelles certains d’entre eux flirtent », explique Louise Chabot.
Revoir la fiscalité
Le report de l’atteinte du déficit zéro par le ministre des Finances, Nicolas Marceau, est un pas dans la bonne direction. Cependant, la CSQ considère que le gouvernement Marois ne devrait pas s’arrêter là, « Les compressions répétées imposées aux services publics québécois ont des effets directs sur les services rendus à la population », rappelle Louise Chabot. « Le problème c’est que les gouvernements successifs ont refusé d’aborder la question des revenus, c’est pourquoi nous devons avoir rapidement une grande discussion sociale sur la fiscalité.»
La CSQ met au jeu trois propositions concrètes pour aller chercher de nouveaux revenus pour assurer l’accès à des services publics de qualité. Taxer les véhicules de luxe et leurs émissions de CO2, resserrer les crédits d’impôts et les abris fiscaux profitant aux plus riches et revoir les aides aux entreprises. Pour en savoir plus sur le sujet : http://www.csq.qc.net/dossiers/fiscalite.html
Réinvestir en santé et en éducation
Cette révision de la fiscalité permettrait, entre autres chose, de réinvestir dans le système de santé et d’éducation. « À lui seul, le secteur scolaire a écopé de près de 500M$ de compressions au cours des trois dernières années alors que nos écoles ont besoin d’entretien, nos élèves de soutien professionnel et notre personnel de meilleures conditions d’exercices », s’indigne Louise Chabot. « Nous devons d’urgence réinvestir dans nos services publics ».
Suite à l’annonce d’une politique sur la persévérance scolaire par la ministre de l’Éducation, du Loisir et des Sports (MELS), la CSQ s’attend à voir une telle politique se concrétiser en 2014. « Nous espérons également voir des suites à l’avis du Conseil supérieur de l’éducation pour maintenir et hausser les compétences en littératie des adultes », confie Louise Chabot.
En santé, les dossiers de la formation initiale des infirmières et le projet de loi sur l’assurance autonomie promis par le ministre Réjean Hébert retiendrons l’attention de la CSQ et de ses fédérations. « La question de la formation initiale des infirmières a déjà fait couler beaucoup d’encre l’an dernier et nous espérons que le gouvernement québécois saura respecter les compétences des milliers d’infirmières du réseau de la santé. Pour la CSQ, il ne fait aucun doute que le DEC en soins infirmiers doit demeurer qualifiant pour détenir le titre d’infirmière », précise Louise Chabot.
Négociations à venir
« En 2014, les responsables de services de garde en milieu familial seront au cœur de la négociation visant le renouvellement de leur entente collective. Ce sera une année cruciale où elles feront reconnaître leur travail à sa juste valeur », soutient Louise Chabot.
La CSQ est également à préparer le terrain pour les négociations du secteur public qui arriveront en 2015. « Il est certain que nous aborderons la question de l’attraction et de la rétention du personnel du secteur public », confirme Louise Chabot. Une récente étude de l’Institut de la statistique du Québec démontre que les employées et employés du secteur public accusent un retard de rémunération (avantages sociaux inclus) de 8,3 % par rapport à l’ensemble des personnes salariées du Québec.
« Entre 2009 et 2013, ce retard a plus que doublé! Si le gouvernement souhaite retenir le personnel en place et attirer de nouvelles candidates et de nouveaux candidats pour offrir des services à la population, il n’aura d’autre choix que de négocier de bonne foi », estime Louise Chabot. « Nos membres souhaitent mener une véritable négociation et les enjeux sont trop importants pour ne pas répondre à leurs préoccupations », conclut la présidente de la CSQ.