Société
Anticiper les effets sociétaux de l’IA et s’y préparer
2 novembre 2023
C’est aujourd’hui que se tenait le Forum public sur l’encadrement de l’intelligence artificielle (IA) au Québec. Organisé par le Conseil de l’innovation du Québec, cet évènement a permis aux personnes participantes de prendre connaissance des travaux effectués à ce jour dans le cadre de la Réflexion collective sur l’encadrement de l’IA au Québec, à laquelle participe notamment la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).
Par Maude Messier, conseillère CSQ
Pas une semaine ne passe sans que l’IA ne se retrouve à l’avant-plan dans l’actualité. C’est un sujet majeur, qui alimente les discussions et se retrouve au cœur de nombreuses réflexions, ici comme un peu partout dans le monde. Pourtant, pour le grand public, le sujet peut paraître un peu flou et intangible. On se doute bien que l’IA transformera profondément nos vies et notre quotidien tel qu’on le connaît aujourd’hui. Mais comment?
Définir les enjeux et les opportunités soulevés par l’IA et assurer son développement et son utilisation éthiques et responsables sont précisément les objectifs confiés par le gouvernement, en avril 2023, au Conseil de l’innovation du Québec. Depuis, le Conseil dirige une réflexion collective non partisane, transparente et inclusive sur l’encadrement de l’IA au Québec, un exercice qui, à ce jour, a mis à contribution plus de 200 experts et des milliers de citoyennes et citoyens de tous les horizons.
La CSQ au cœur de la réflexion
Ce mandat ambitieux est aussi partagé par une quinzaine de leadeuses et de leadeurs qui mènent les travaux de différentes tables thématiques de réflexion. Le président de la CSQ, Éric Gingras, copréside celle portant sur les effets de l’IA sur le travail et les emplois.
« Une des spécificités au Québec, c’est notre capacité à établir un dialogue social dans un intérêt supérieur commun pour faire avancer les enjeux de société. Je suis vraiment fier de pouvoir contribuer à cette réflexion centrale et majeure pour l’avenir du Québec, mais aussi et surtout pour les travailleuses et les travailleurs. Parce qu’il est évident que le monde du travail tel que nous le connaissons s’apprête à être profondément transformé », affirme Éric Gingras.
Il ajoute qu’ « il faut donc réfléchir aux emplois réinventés, aux emplois détruits, aux nouveaux emplois et aussi à ceux qu’on ne connaît pas encore! Il faut se pencher sur les enjeux de formation, revoir la formation continue, parler de littératie numérique, du droit à la déconnexion et de la surveillance électronique. Il y a des opportunités et des enjeux, mais il faut absolument préparer les travailleuses et les travailleurs à l’intégration de l’IA dans la société. C’est fondamental : il faut placer l’humain au cœur de cette transformation. Et c’est d’ailleurs ce qui se dégage des travaux de la table de réflexion que je copréside ».
Une réflexion qui suscite l’intérêt ailleurs dans le monde
Démocratique, centrée sur l’humain, flexible, équilibrée et en réseau, la démarche menée par le Conseil de l’innovation du Québec suscite l’intérêt et la curiosité à l’international, consolidant le positionnement avantageux du Québec comme un leader sur le sujet.
La réflexion collective porte aussi sur le cadre de gouvernance de l’IA, celui des investissements en recherche et dans le secteur privé, celui de l’utilisation de l’IA par l’État, ainsi que sur les autres répercussions sociétales et le rôle du Québec dans l’encadrement international de l’IA.
C’est le professeur Yoshua Bengio, sommité en matière d’IA, qui amorçait la rencontre en soulignant qu’une connaissance approfondie des effets sociaux de l’IA s’impose et qu’elle nécessite l’implication et l’engagement des acteurs au cœur de cette réflexion. La démarche entamée au Québec joue en ce sens un rôle essentiel pour détecter et anticiper les risques, ainsi que pour identifier les garde-fous nécessaires.
« Et en participant à cette démarche, nous assumons pleinement notre leadership comme acteur social. La CSQ est concernée sur différents fronts par le développement de l’IA, et il vaut mieux faire partie des réflexions et jouer un rôle actif plutôt que de devoir ramasser les pots cassés dans quelques années », conclut Éric Gingras.
Le Forum a réuni quelque 1 500 participantes et participants, en présence à Montréal et en mode virtuel. Les travaux des différentes tables de réflexion se poursuivent et un rapport sera remis au gouvernement d’ici la fin de l’année.
> Pour en savoir plus sur le Forum public, consultez la programmation.