Santé

Rapport du Protecteur du citoyen : matière à réflexion pour la réforme Dubé!

28 septembre 2023

Dans son rapport annuel publié le 21 septembre dernier, le Protecteur du citoyen consacre un chapitre complet sur le réseau de la santé et des services sociaux. Les constats qui sont émis devraient faire sérieusement réfléchir le gouvernement Legault dans sa volonté de mettre en place la réforme Dubé.

Par Gabriel Danis, conseiller CSQ

Le rapport du Protecteur du citoyen illustre à grands traits ce que plusieurs organisations, dont la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), affirment haut et fort depuis des années : la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur public affecte fortement les services à la population. Selon le rapport, le manque de personnel « se présente parfois comme une raison pour légitimer des manquements dans les services ». Loin de constituer une fatalité, la situation devrait plutôt représenter un défi pour le gouvernement, qui possède les outils pour s’y attaquer, selon le Protecteur du citoyen.

Bris de connexion en santé

Le chapitre complet du rapport consacré au secteur de la santé et des services sociaux illustre, à force d’exemples, comment la complexité de l’organisation des services, les très nombreux intervenants et la confusion dans le partage de leurs rôles et responsabilités peuvent provoquer des problèmes d’arrimage et de coordination des différentes trajectoires de services.

Pour les usagers, cela peut donner lieu à des reports de soins, de services, d’examens ou d’évaluations et entrainer une dégradation de la condition des personnes concernées. Le Protecteur du citoyen souligne également, avec quelques exemples concrets, qu’en raison de la pénurie de personnel, l’approche humaine et personnalisée en souffre.

Matière à réflexion

Or, le projet de loi no 15 déposé par le gouvernement Legault prévoit créer une mégastructure encore plus impersonnelle avec l’agence Santé Québec.

« En lisant ce rapport, le ministre Dubé devrait se poser de sérieuses questions à propos de sa propre réforme, souligne Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la CSQ et responsable du dossier de la santé à la Centrale. Sa volonté de créer une énorme agence Santé Québec, unique employeur de 330 000 travailleuses et travailleurs du réseau public et responsable de multiplier les ententes de services avec de nombreux partenaires privés, risque d’aggraver les bris de connexion et de communication identifiés par le Protecteur du citoyen. »

Alors que le gouvernement du Québec souhaite centraliser davantage son modèle de gouvernance en s’appuyant, notamment, sur l’exemple de l’Alberta, la province a annoncé vouloir maintenant décentraliser son système de santé établi depuis 15 ans.