Société
Réforme de l’assurance-emploi – Service Canada incite les travailleurs et les femmes enceintes à mentir aux employeurs
14 février 2013
Montréal, le 14 février 2013 – « Comme si ce n’était pas assez odieux que le gouvernement Harper soit parti en guerre contre les travailleurs et les chômeurs en réduisant leur accès à l’assurance-emploi, Service Canada les incite maintenant à mentir aux employeurs s’ils veulent éviter de se retrouver dans une situation de refus d’emploi qui les disqualifierait comme prestataires. C’est complètement absurde et indécent de la part d’un gouvernement qui a le moindre respect des citoyens. »
La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, se dit renversée par la lecture des informations portant sur la réforme de l’assurance-emploi livrées par Service Canada à la population et qui se retrouvent sur le site Internet de l’organisme.
Un gouvernement qui pénalise l’honnêteté
En effet, Service Canada soulève le cas d’un travailleur saisonnier qui, durant sa période de mise à pied temporaire, postule un autre emploi ayant un caractère permanent. Malgré le caractère permanent du nouvel emploi, il va de soi que le travailleur voudra retourner à son emploi habituel après la saison morte. Cependant, cette courte disponibilité risque de faire en sorte que l’emploi ne lui sera pas offert.
« Dans les directives données à son personnel, Service Canada précise que lorsqu’un travailleur informe honnêtement l’employeur qu’il n’est disponible que pour une courte période, il s’agit d’un refus d’emploi qui l’exclura des prestations d’assurance-emploi. Et on écrit textuellement que même si c’est par souci d’honnêteté qu’une personne décide de révéler ses intentions futures, il n’en demeure pas moins qu’il y a refus d’emploi. En d’autres mots, Service Canada est en train de dire aux travailleurs que lorsqu’il est question d’assurance-emploi, ils ont intérêt à laisser leur honnêteté au placard et qu’il est plus payant de mentir. Incroyable », dénonce la présidente de la CSQ.
L’accouchement devient un refus d’emploi pour Ottawa
Pire encore, Louise Chabot ajoute que Service Canada donne également le même conseil, moralement très contestable, aux travailleuses enceintes qui devront quitter leur emploi au bout de quelques mois.
« À cause de cette réforme aux odeurs d’inquisition, les travailleuses enceintes à la recherche d’un emploi vont devoir tout faire pour cacher leur grossesse à un futur employeur au risque d’être accusées de refus d’emploi. Ça n’a absolument aucun sens. À croire que le gouvernement de Stephen Harper veut nous ramener aux années cinquante ou bien au Moyen-Âge », s’indigne la leader syndicale.
Des règles totalement discriminatoires et abusives
La présidente de la CSQ renchérit en accusant Stephen Harper et son gouvernement d’avoir concocté une réforme de l’assurance-emploi dont les règles font que ça deviendra quasiment « un crime » pour une travailleuse sans emploi de se retrouver enceinte.
« Techniquement, une telle travailleuse risque d’être accusée de refus d’emploi et privée d’assurance-emploi dès le moment où un employeur, informé de sa situation, refuse de l’embaucher. Ce sont des règles totalement discriminatoires et abusives qui doivent être dénoncées à haute voix par tout le monde », proteste Louise Chabot.
Un pitoyable recours au mensonge
La présidente de la CSQ n’en revient pas qu’un service officiel du gouvernement fédéral, obligé qu’il est de défendre une réforme de l’assurance-emploi qui ne tient pas debout, en soit rendu à devoir mentir aux prestataires tout en leur demandant, à leur tour, de mentir aux employeurs. Ailleurs sur son site, Service Canada laisse croire qu’un travailleur peut sans préjudice informer l’employeur de son intention de retourner à son emploi habituel, à condition bien sûr que l’employeur accepte malgré tout de l’engager.
« C’est pitoyable de voir Service Canada recourir au mensonge pour tenter de nier que la réforme de l’assurance-emploi aura pour effet de faire perdre aux entreprises saisonnières leur main-d’œuvre qualifiée. Quand une organisation gouvernementale en est rendue à mentir et à recommander aux travailleurs de faire de même face à une réforme dont le seul effet est de créer de graves problèmes, c’est dire jusqu’à quel point ça va mal », commente Louise Chabot.
Improvisation idéologique
La présidente de la CSQ termine en mentionnant que ces directives de Service Canada démontrent une fois de plus que cette réforme est injustifiée et relève de l’improvisation idéologique du gouvernement Harper.
Profil de la CSQ
La CSQ représente près de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.