« Toutes les catégories de personnel travaillant dans les établissements d’enseignement privés n’ont pas ménagé leurs efforts pour accompagner et soutenir les élèves dans leurs apprentissages, pendant la pandémie et lors du retour en présentiel. Le nombre de tâches et la charge de travail ont largement dépassé les horaires de travail réguliers, ce qui a généré beaucoup de tension et de fatigue. Il est temps de revenir à une situation plus normale et acceptable, affirme le président de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ), Stéphane Lapointe.

Retour à l’essentiel

Pour y parvenir, les établissements doivent se recentrer sur leur mission première : la réussite des élèves. Malgré tous les efforts déployés pendant deux ans de crise sanitaire par le personnel enseignant, de soutien et professionnel, notamment avec l’implantation de l’enseignement en ligne, les conditions exceptionnelles dans lesquelles l’enseignement s’est poursuivi n’étaient pas toujours optimales.

« La crise nous a tous obligés à nous adapter et à expérimenter de nouvelles approches pédagogiques. L’expérience vécue nous a toutefois démontré les limites et les faiblesses de ces approches », dit la vice-présidente de la FPEP-CSQ, Marie-Josée Dallaire.

Stéphane Lapointe ajoute que de nombreux élèves accusent maintenant des retards pédagogiques. « On veut que les directions d’établissement prennent les actions nécessaires pour mieux accompagner les élèves dans ces difficultés qu’ils continuent de vivre », ajoute-t-il.

Quatre actions pour faire la différence

La FPEP-CSQ demande aux écoles privées de mettre en place des mesures concrètes, qui permettraient aux élèves de développer leur plein potentiel, en misant sur l’accompagnement et la réussite. Quatre actions simples pourraient faire une réelle différence, tant pour les élèves que pour le personnel de ces établissements.

1. Mettre fin à la différenciation pédagogique abusive

« Nous n’avons rien contre une certaine forme de différenciation, mais nous sommes contre l’exagération. Il faut se rappeler qu’un prof au privé n’est pas un prof privé, dit Stéphane Lapointe. On ne peut pas exiger un enseignement individualisé pour 35 à 40 élèves dans une classe, c’est irréaliste. De cette façon, on épuise le personnel et on le rend moins apte à réellement aider les élèves. »

2. Cesser de forcer le déploiement de l’enseignement en ligne

L’enseignement en ligne appauvrit la relation pédagogique, révèle une étude menée par l’Université du Québec à Montréal (UQAM) à la demande de la FPEP-CSQ. Ce type d’enseignement entraine des conséquences négatives sur la relation entre une personne enseignante et ses élèves, tant dans le domaine cognitif, affectif que social.

L’enquête révèle que ce type d’enseignement provoque notamment une perte de motivation et du gout à l’effort chez les élèves. Du côté des enseignantes et enseignants, ils doivent ajuster leurs stratégies d’enseignement, alors que les interventions personnalisées sont plus limitées.

Or, des projets pilotes sous forme d’enseignement comodal (enseignement offert simultanément en présence et à distance) sont en cours. « C’est la pire des options, un compromis pédagogique inacceptable », affirme Marie-Josée Dallaire.

3. Arrêter de surcharger l’horaire avec des tâches extrapédagogiques

Le temps manque déjà pour le personnel de l’éducation qui souhaite se concentrer sur ce qu’il fait le mieux : aider les élèves. « Il faut lui donner du temps pour qu’il puisse se consacrer pleinement à son métier et cesser de remplir les journées pédagogiques avec des rencontres inutiles, des formations qui ne sont pas adaptées aux besoins », explique la vice-présidente.

4. Faire confiance au personnel

Avec une équipe-école forte, l’environnement d’apprentissage est bonifié et limite les écarts entre les élèves. D’après Marie-Josée Dallaire, le rattrapage des lacunes dues à la pandémie est un chantier qui débute.

« Laissons les personnes expertes décider des stratégies pédagogiques les plus adéquates pour amener les élèves sur le chemin de la réussite », conclut-elle.


L’enseignement à distance : des effets bien documentés

La FPEP-CSQ s’intéresse aux répercussions de ce type d’enseignement et a mené des études sur le sujet, dont une en collaboration avec l’UQAM.

Le rapport L’écran nous déconnecte, dont les résultats ont été publiés en mai 2021, présente 10 constats révélateurs des conséquences de l’enseignement à distance sur les élèves et le personnel de l’éducation.

Les résultats d’une autre étude plus récente sur les différentes formes d’enseignement en ligne et les raisons expliquant la diminution de la qualité pédagogique seront connus sous peu. Le document Radiographie de l’enseignement en ligne présente, toutefois, les faits saillants.

Pour en savoir plus, visitez le site fpep.lacsq.org.