Dans les écoles secondaires du Québec, le retour en classe en septembre a fait énormément de bien aux élèves. À l’école secondaire Henri-Bourassa, à Montréal, les jeunes semblent même vouloir rattraper le temps qu’ils ont perdu pendant la pandémie, puisqu’ils se sont arraché les places dans les clubs et les comités. Dans le groupe d’Amnistie internationale, les inscriptions ont doublé et elles ont même triplé dans le club de philo et le comité LGBTQ+.
« Les comités, ce sont des occasions pour les jeunes non seulement de s’impliquer, mais aussi de mobiliser les autres élèves, explique Mireille Hajjar. Ça a un lien direct avec l’ambiance et le sentiment d’appartenance à l’école, qui ont disparu avec la pandémie. »
L’engouement des élèves s’est aussi manifesté par rapport aux projets communautaires. Cette année, 200 élèves se sont inscrits à la visite de Moisson Montréal : le double de l’an dernier. « Moi, je n’ai jamais vu ça ! se réjouit Mireille Hajjar. Ils s’inscrivent à tout, ils veulent tout faire. Ils sautent sur n’importe quelle occasion parce qu’ils ont soif de vie sociale. Et la vie sociale, ça part à l’école, avec le sport et le parascolaire. »
Ces actions permettent aux jeunes de retrouver du sens, de découvrir le devoir citoyen et la contribution à la société. Elles bénéficient autant à eux qu’à leur communauté
Être là pour les jeunes
Le rôle des animatrices et animateurs de vie spirituelle et d’engagement communautaire répond à un immense besoin d’appartenance et d’estime de soi pour les jeunes du secondaire. Quand la pandémie a frappé, les élèves ne pouvaient plus participer aux activités parascolaires ni pratiquer leur sport, perdant ainsi l’aspect social que leur procure l’école.
Durant la crise, Mireille Hajjar a produit, avec les psychologues et psychoéducateurs de l’école, des capsules sur le bienêtre. L’objectif : aider les jeunes à gérer leur stress et favoriser l’exercice physique. L’animatrice a aussi amené des idées pour que les élèves puissent décorer leur classe à leur gout, une façon de leur changer les idées.
Que restera-t-il après?
Selon Mireille Hajjar, cet enthousiasme des élèves pour l’engagement communautaire va survivre à la pandémie. « La crise a affecté beaucoup de jeunes qui n’ont pas vécu leur année comme ils auraient dû. Ils ont été privés des choses qu’ils aimaient. Maintenant, ces occasions-là, ils les reprennent. C’est dans la nature des jeunes de s’impliquer! »
Un rôle plus que nécessaire
Bien des adultes d’aujourd’hui se souviennent des animatrices et animateurs de pastorale qui travaillaient à leur école secondaire. Cet emploi, qui existait toujours au début des années 2000, s’est transformé en celui d’animatrice ou d’animateur de vie spirituelle et d’engagement communautaire (AVSEC). Il a aussi beaucoup changé.
Il n’y a pas de connotation religieuse dans la description de tâche des AVSEC, selon Mireille Hajjar. « On s’occupe de la spiritualité, mais dans le sens de l’intériorité de l’élève : l’accompagner dans sa construction identitaire, dans ce qu’il est, dans ses valeurs et ses forces. On l’aide à découvrir son monde intérieur et à apprendre à se connaitre pour être en relation avec les autres », détaille l’animatrice.
Stimuler la réflexion, le développement de l’esprit critique et le sentiment d’appartenance des élèves à leur école et à leur communauté sont des aspects incontournables du travail des AVSEC.
Les discussions privilégiées avec les élèves de l’école ont amené Mireille Hajjar à organiser des évènements pour favoriser le vivre-ensemble, notamment une tournée dans les classes sur la grossophobie et des ateliers au sujet des préjugés et des stéréotypes.
« Après ça, les jeunes ont envie de parler avec nous d’enjeux sociaux, de la manière dont ils se sentent au secondaire, de leur estime de soi, de leurs relations amoureuses et amicales », énumère Mireille Hajjar.
En favorisant leur bienêtre à l’école, les AVSEC encouragent aussi les élèves à s’impliquer dans les organismes de la communauté, à se mettre en action et à vivre activement leur citoyenneté.