Nulle part au monde ne trouve-t-on un réseau public des services éducatifs à la petite enfance tel que celui du Québec. Ses effets positifs pour les tout-petits, notamment sur le développement des enfants et sur leur réussite scolaire, ont été mesurés concrètement par de nombreuses études.

Depuis presque 25 ans, la politique familiale du Québec, à l’origine du réseau public, permet notamment à de plus en plus de femmes de retourner sur le marché du travail après leur grossesse. Le réseau donne également une chance égale à chacun des tout-petits de commencer son parcours scolaire avec de solides bases grâce aux apprentissages acquis avec l’aide des éducatrices formées et hautement compétentes.

C’est indéniable : les services à 8,50 $ par jour ont changé la vie des familles québécoises. Même l’économie du Québec en bénéficie!

Pour l’équilibre des chances

Investir dans la petite enfance est un choix stratégique pour le Québec, car « la fréquentation d’un service éducatif de qualité permet de favoriser l’équilibre des chances des tout-petits. Elle affecte notamment, de façon positive, l’écart entre les enfants issus de milieux moins favorisés et ceux issus de milieux plus favorisés. Tous les enfants doivent avoir des chances égales d’accéder à des services de qualité qui auront des répercussions tout au long de leur vie », affirme la présidente de la FIPEQ-CSQ1, Valérie Grenon.

Un manque criant de places

Mais tout n’est pas rose et bleu pastel dans le monde des services à la petite enfance. Il manque actuellement plus de 50 000 places pour les tout-petits à travers le Québec pour répondre à la demande des familles. Cette situation est le résultat de décisions prises par le Parti libéral du Québec, qui favorisait la privatisation du réseau lorsqu’il était au gouvernement.

Lors de la dernière campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait bien promis la création de 50 000 places dans le réseau. Trois ans plus tard, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, n’a toujours pas respecté ses engagements. Il propose plutôt la création de 9 000 places d’ici les deux prochaines années, ce qui est loin d’être suffisant. Le ministre a également annoncé le dépôt, cet automne, d’un livre blanc2 et d’un projet de loi sur le réseau des services éducatifs à la petite enfance.

« Les conditions de travail actuelles sont en partie responsables de la rareté des places dans notre réseau de la petite enfance. Les difficultés d’attraction et de rétention des intervenantes sont majeures, faute de valorisation suffisante de leur expertise et de leurs responsabilités. »

– Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ

Des conditions de travail et d’exercice à améliorer

« Les conditions de travail actuelles sont en partie responsables de la rareté des places dans notre réseau de la petite enfance, affirme Valérie Grenon. Les difficultés d’attraction et de rétention des intervenantes sont majeures, faute de valorisation suffisante de leur expertise et de leurs responsabilités. »

« Les conditions de travail doivent refléter l’importance de ces professions pour la société québécoise, renchérit le président de la CSQ, Éric Gingras. Le gouvernement ne peut pas laisser le bateau couler. Les places en petite enfance, ça passe par de meilleures conditions de travail. »

Pour un réseau public, universel et accessible

Pour la CSQ et la FIPEQ-CSQ, il est clair que les services éducatifs ne sont pas des marchandises. Le développement de l’enfant fait partie des responsabilités de l’État. « S’il est laissé à lui-même, le réseau des services éducatifs à la petite enfance ne peut fleurir. Il faut penser plus loin, investir, mais surtout innover », dit le président de la CSQ.

Les deux organisations syndicales recommandent que la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance garantisse le droit à une place de qualité, au même titre que le droit à l’éducation ou à la santé. « Un Québec moderne ayant à cœur le développement de ses enfants doit faire un autre pas en avant et compléter le réseau des CPE et des milieux familiaux régis et subventionnés, qui font la renommée du Québec », ajoute Valérie Grenon.

Ce grand projet permettrait également de garantir à chaque enfant qu’il peut effectuer sa première transition scolaire avec un minimum de vulnérabilité. « Miser sur le réseau de la petite enfance, c’est se responsabiliser! », dit Éric Gingras. Dans le but de mettre de l’avant le réseau des services éducatifs, la CSQ et la FIPEQ-CSQ déploieront dès cet automne une vaste campagne de valorisation sur le thème Essentiel et universel.


1 Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec.
2 Document que l’exécutif soumet au Parlement pour exposer un problème d’intérêt public et les mesures administratives ou législatives qu’il entend prendre pour le résoudre.