Éric Gingras

L’année scolaire 2020-2021 s’est déroulée en grande partie virtuellement pour bon nombre d’élèves au Québec. En raison de la pandémie, le taux d’échec au secondaire a bondi. Il a même doublé dans certaines matières par rapport à l’année précédente.

La rentrée de l’automne 2021 s’est quant à elle amorcée sans que des mesures suffisantes touchant la réussite scolaire ou l’accompagnement des élèves à besoins particuliers soient mises en place par le gouvernement, une situation qui inquiète la CSQ et ses fédérations du réseau scolaire. « Le peu de ressources additionnelles démontre un manque de considération de la part du ministère de l’Éducation quant aux conséquences de la crise sur la réussite de nos jeunes », déplore le président de la Centrale, Éric Gingras.

Des besoins qui explosent

Pour mieux intervenir auprès des élèves de tous les secteurs, il faut réaliser un bilan des répercussions de la pandémie sur la réussite et les apprentissages, du primaire jusqu’à l’éducation des adultes. Avec un état des lieux, des mesures appropriées, comme l’adoption de plans d’intervention spécifiques destinés aux jeunes et aux adultes qui fréquentent le réseau scolaire, pourraient être mises en place.

« Pour mieux intervenir, il faut établir un diagnostic des répercussions de la pandémie et de ce qui ne va pas sur le terrain, affirme Éric Gingras. Il faut que cela débouche sur un plan d’action cohérent. »

Jacques Landry

Le président de la FPPE-CSQ1, Jacques Landry, abonde dans le même sens : « La santé mentale de trop d’élèves vacille. Il faut leur donner de l’air, leur redonner de l’espoir. Il est nécessaire de mettre en place un plan d’action en santé mentale spécifique au réseau scolaire pour faire face à la montée de l’anxiété et raviver la motivation des élèves. Il faut être à leur écoute, agir en prévention et garantir l’accès à des ressources psychosociales. »

Deux éléments permettraient de redonner de l’air aux élèves : favoriser le plus possible leur présence à l’école, dans le respect des consignes sanitaires, et assurer l’égalité des chances en raccrochant les jeunes et les adultes qui ont décroché, en portant une attention particulière aux élèves les plus vulnérables.

De l’air s’il vous plait

Josée Scalabrini

Après des mois de revirements, le personnel du réseau scolaire doit reprendre son souffle. « Devant la pénurie de main-d’œuvre qui sévit à tous les niveaux, il faut redonner de l’espace, des moyens et du temps au personnel en place, afin que son travail soit fait adéquatement », dit Éric Gingras.

« Nous avons plus que jamais besoin d’une vision à long terme en éducation, de même que de ressources suffisantes pour rattraper les retards et répondre aux besoins, affirme pour sa part la présidente de la FSE-CSQ2, Josée Scalabrini. Les enseignants doivent pouvoir compter sur le ministère de l’Éducation et les directions pour que du temps de préparation et d’encadrement des élèves soit accordé. »

Le personnel de soutien scolaire a lui aussi besoin d’air, selon le président de la FPSS-CSQ3, Éric Pronovost. D’après les données d’un sondage réalisé par la fédération un an après le début de la pandémie, 86 % des personnes sondées ont vu leurs tâches augmenter (52 % grandement et 34 % légèrement).

Éric Pronovost

Et la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau scolaire n’est rien pour arranger les choses. Or, des solutions existent, selon Éric Pronovost : « Offrir des postes permanents à temps complet rendrait le domaine de l’éducation plus attrayant, en plus d’assurer une certaine stabilité aux élèves qui développent des liens avec nous. »

Assurer la sécurité de toutes et tous

Pour assurer la santé et la sécurité du personnel et des élèves, il faut de l’air de qualité. Or, dans le dossier de la ventilation dans les écoles, la CSQ et ses fédérations du réseau scolaire se montrent sceptiques face au plan du gouvernement.

Alors que les détecteurs de dioxyde de carbone pour mesurer la qualité de l’air dans les écoles – et ainsi limiter les risques de transmission de la COVID-19 – sont nécessaires, leur installation n’a pu être finalisée avant la rentrée scolaire. Elle ne sera complétée qu’au cours de l’automne 2021.

« Il n’est pas normal que le personnel ne soit pas en mesure de savoir s’il travaille dans des conditions qui respectent les normes minimales », conclut Éric Gingras.


1 Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec.
2 Fédération des syndicats de l’enseignement.
3 Fédération du personnel de soutien scolaire.