Ce projet, c’est celui de proposer une façon audacieuse et artistique de rendre hommage aux travailleuses et aux travailleurs des services publics en donnant notre appui à une artiste, auteure, compositrice et interprète de talent : Laurence Nerbonne.
« Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution. » Cette citation d’Emma Goldman a beaucoup fait réfléchir l’équipe de communications et de mobilisation de la CSQ. Dans un contexte où nous devions réinventer la mobilisation et les façons de faire réfléchir et de transmettre notre message, un projet a germé. Pour danser, il faut une trame sonore. Pourquoi n’aurions-nous pas notre chanson thème de la négociation?
Engagée, mais pas typique
Retour au Myriade, premier contact avec Laurence Nerbonne, une artiste hyper talentueuse et polyvalente qui a un son des plus actuels. Un son pop sans être convenu, inspiré du rap et du hip hop, coloré, constructif et positif, contemporain et actuel, à l’image des revendications des membres de la CSQ. Nous ne voulions pas de chanson engagée typique avec guitare, accordéon et trompettes. Nous voulions nous démarquer.
J’expose le projet et les enjeux à Laurence et, déjà, je peux voir les rouages créatifs s’activer derrière ses yeux! « Ça n’a aucun bon sens, tout ce qu’on demande aux profs! », me dit-elle. Ses deux parents sont enseignants : la surcharge, le dévouement, le manque de ressources et les longues fins de semaine, elle connait.
Son admiration est sans borne pour le personnel de la santé, dont je lui décris le quotidien difficile, surtout depuis le décret. Allumée, Laurence ne met pas trop de temps à comprendre et à synthétiser les enjeux du personnel de soutien et professionnel, dont elle portera d’ailleurs la voix lors de son passage remarqué à l’émission Tout le monde en parle.
« J’ai carte blanche pour le beat et les paroles? », me demande-t-elle, déjà en mode création. C’est l’objectif. À la CSQ, notre travail c’est de défendre le personnel des écoles, des centres, des cégeps et des soins de santé. Chacun son métier, on laisse la création musicale aux pros.
« Ça va prendre un clip, j’ai déjà des idées! poursuit l’artiste. Il faut que votre monde participe! » Nous sommes au diapason, il répondra à l’appel. Le projet de clip prend déjà forme sous nos yeux. On sort des noms de réalisateurs, ça s’emballe! L’entente est conclue.
Porter la parole des gens
Le soir même, texto de la gérante de Laurence : le beat est déjà bien commencé et le texte commence à prendre forme. Impressionnant! Quelques semaines plus tard, la production était déjà lancée pour une première version. Rendez-vous au studio de Laurence pour une écoute, c’est un coup de circuit. Toute la structure est là, c’est accrocheur, ça frappe fort, c’est efficace et, surtout, ça porte la parole de nos membres d’une façon plus qu’efficace. Laurence insiste : « Cette chanson-là, c’est leur chanson, j’aimerais ça que les travailleuses et les travailleurs se l’approprient. »
Le défi COVID-19
Reste à tourner le vidéoclip. Le scénario retenu nécessite un tournage dans une école ou un cégep, avec certains éléments de décors pour permettre d’explorer tous les lieux où travaillent nos membres. Plusieurs figurantes et figurants sont nécessaires. Mauvais timing, le deuxième confinement nous attend dans le détour. Ce sera finalement en studio, avec une équipe réduite et des bénévoles en bulle familiale qui se joindront à nous. Vérifications avec la Santé publique, port du masque, distanciation : ce n’est pas un tournage normal, mais au bout d’un peu plus de 12 heures, nous avons la matière première pour le clip qui a été vu plus de 150 000 fois sur YouTube et Facebook au moment d’écrire ces lignes.
La culture populaire au service du message
Au détour d’une conversation avec Mario Beauchemin, vice-président de la CSQ, avant une entrevue portant sur le projet, nous réalisons qu’il s’agit d’une première syndicale. « Un partenariat unique qui nous permet de passer notre message de façon originale et d’encourager des artistes par la même occasion », dira-t-il plus tard à la radio. J’ajouterai que ce maillage entre culture populaire et militantisme syndical nous permet de rejoindre des publics différents tout en enracinant notre message. La chanson accompagne encore à ce jour les manifestations et les lignes de piquetage de cette longue négociation du secteur public.
La négociation, nous aimerions bien la mettre derrière nous, avec des ententes satisfaisantes. Mais la chanson, elle, on ne s’en tanne pas. Un flagrant succès!
Des sea chanties aux chants ouvriers, en passant par les rythmes des tambours africains, la musique, le travail et la mobilisation des travailleuses et des travailleurs sont toujours allés de pair. La musique joue également un rôle primordial dans les divers mouvements culturels et accompagne les changements sociaux et les luttes citoyennes. La musique fait bouger, elle pousse à l’action. Visionnez le vidéoclip de la chanson Faut que ça change de Laurence Nerbonne.