Essoufflement, stress, fatigue physique et psychologique, difficultés de concentration, impatience, tels sont les effets qu’a eu la conciliation famille-travail-études sur bien des gens.

Une consultation tenue en avril 2020 sur les réseaux sociaux par la Coalition pour une conciliation famille-travail-études (CCFTÉ), dont la CSQ fait partie, a mis en lumière les différents enjeux de conciliation rencontrés pendant la période de confinement. Un peu plus de 600 personnes ont répondu au questionnaire, dont une très grande majorité de femmes (83 %).

Les conséquences des mesures sanitaires

La fermeture des écoles, et de la majorité des services éducatifs à la petite enfance et des services de garde en milieu scolaire au printemps 2020 a créé tout un casse-tête de conciliation pour de nombreuses familles québécoises.

Ces fermetures figurent d’ailleurs parmi les quatre principales mesures sanitaires ayant eu le plus d’effet sur la conciliation famille-travail-études. Les deux autres mesures identifiées sont le télétravail ou les cours virtuels et l’absence d’un endroit calme favorisant la concentration.

Des effets sur la santé psychologique

La période de confinement a aussi privé de nombreuses familles et personnes proches aidantes de leur réseau habituel de soutien (famille, proches, etc.). Ainsi, les personnes proches aidantes et les parents ont été livrés à eux-mêmes avec une absence complète de mesures collectives de conciliation.

Malgré l’ouverture de certains services éducatifs à la petite enfance et de milieux de garde scolaire d’urgence, les personnes qui effectuaient du télétravail, poursuivaient leurs études à distance ou travaillaient dans les services essentiels (épicerie, pharmacie, etc.) devaient être disponibles pour le travail ou les études, tout en ayant la responsabilité de leurs enfants ou de leurs proches.

Pas étonnant, dans un tel contexte, que 15 % des personnes interrogées dans le cadre de la consultation du CCFTÉ font état d’un essoufflement, de stress, d’une fatigue physique et psychologique, le tout accompagné quelquefois de difficultés de concentration, d’impatience auprès des enfants ainsi que d’une perte d’énergie.

Des mesures accommodantes…

Près des trois quarts des personnes qui ont pris part à la consultation ont mentionné avoir pu bénéficier de mesures accommodantes liées au temps de travail ou d’études, tandis que 26 % n’ont pas eu cette chance.

Les réponses obtenues lors de la consultation démontrent que la conciliation repose sur les épaules des personnes étudiantes et travailleuses, et qu’un manque de soutien et de flexibilité de la part des gestionnaires ou des établissements d’enseignement semble présent pendant cette période.

En l’absence de mesures collectives, le télétravail, reconnu normalement comme une mesure de conciliation famille-travail-études, amène son lot de difficultés.

… mais insuffisantes

Pour faciliter la conciliation famille-travail-études, 39 % des personnes répondantes auraient souhaité plus de souplesse sur le plan de l’horaire, de la charge de travail ou d’études ainsi qu’une réduction du temps de travail ou d’études, sans pénalités financières.

Des modifications quant à l’environnement de travail en ce qui concerne tant l’ergonomie que les outils de travail ont aussi été identifiées comme étant une mesure souhaitée. En effet, alors que les travailleuses et travailleurs qui effectuaient du télétravail occasionnel avant la pandémie pouvaient se contenter de leur table de cuisine, l’arrivée du télétravail à temps plein a changé la donne.

Ce qu’il en ressort

Le constat général qui ressort de la consultation démontre que les moyens individuels mis en place par les répondantes et répondants pour concilier les différentes sphères de leur vie n’ont pas été suffisants. La période de confinement a mis de l’avant la nécessité de déployer des mesures collectives de conciliation. Car le télétravail ne peut plus être considéré comme un moyen efficace de concilier famille, travail et études.

Les résultats du sondage de la Coalition ont été présentés aux ministres du Travail, de la Condition féminine, ainsi qu’à des personnes-ressources du ministère de la Famille, responsable de ce dossier.

La CCFTÉ recommande au gouvernement du Québec de mettre en place une loi-cadre visant à promouvoir et à soutenir la conciliation famille-travail-études et qui s’appliquerait tant au secteur privé qu’aux secteurs public et parapublic.


Les quatre mesures ayant eu le plus d’effet sur la conciliation :

  • la fermeture des services éducatifs à la petite enfance et des haltes-garderies;
  • la fermeture des écoles et des services de garde en milieu scolaire;
  • le télétravail ou les cours virtuels;
  • l’absence d’un endroit calme favorisant la concentration.