Il s’appelait George Floyd. Ce père d’une fillette de six ans a perdu son emploi en raison de la crise de la COVID-19. Il a perdu la vie en raison de la violence policière et du racisme systémique rampants chez nos voisins du sud.

Époque oblige, nous avons tous été témoins, sur les réseaux sociaux, du décès de ce "gentle giant", comme l’appelaient ses amis. "I can’t breathe", « je ne peux pas respirer ». Les derniers mots de George Floyd en sont venus à symboliser la rage et l’indignation de toute une frange de la population pour qui ce racisme et cette violence font partie du quotidien. Manque d’air, manque de justice, il n’en fallait pas plus pour que les braises s’enflamment et que la population américaine prenne la rue.

N’avons-nous rien appris?

Comment en sommes-nous arrivés là? N’avons-nous rien appris? C’est un retour en 1991 et aux émeutes qui ont suivi l’affaire Rodney King. Comment expliquer que les forces de l’ordre n’aient pas appris de leurs erreurs et n’aient pas su évoluer? Comment est-il possible, en 2020, qu’un policier assassine un autre être humain pendant que ses collègues restent là, les mains dans les poches, sans réagir?

Il faut dire que le président des États-Unis n’aide en rien dans l’affaire. Alors que son pays a besoin de leadership et d’éteindre les feux, ce pyromane souffle sur les braises et arrose le tout de kérosène!

Le problème est systémique

Tout cela dépasse les actions d’un seul policier, bien entendu. Ça dépasse les frontières aussi. Le problème existe au Québec : un quart des interpellations policières concerne des personnes noires, alors qu’elles représentent moins de 10 % de la population montréalaise. Les jeunes Arabes âgés de 15 à 24 ans ont quant à eux quatre fois plus de risques que les jeunes blancs d’être interpellés sur l’Île de Montréal. Les femmes autochtones, quant à elles, ont 11 fois plus de risques d’être interpellées que les femmes blanches.

N’en déplaise à François Legault, ça s’appelle de la discrimination systémique. Nous aurons beau condamner les gestes individuels des policiers, mais derrière cet acte, il y a un problème social. C’est subtil la discrimination systémique. C’est quand on ouvre les yeux qu’on voit le problème. Il faut se pencher sérieusement sur ce qui s’est passé, nommer les choses correctement et s’assurer qu’elles changent pour de bon.

Ouvrir les yeux et régler le problème

Comme le dit si bien la Ligue des droits et libertés, dont la CSQ est fièrement membre :

Parler de racisme systémique, ce n’est pas faire le procès des Québécois-es. Le racisme ne s’arrête pas aux frontières. Il ne s’agit pas de lancer une chasse aux sorcières. Il s’agit plutôt de reconnaître que le racisme, comme le sexisme, est un système dont nous avons hérité et que nous n’avons pas choisi. Tant que nous n’accepterons pas, comme société, de le nommer, il sera impossible de le combattre.

En 2016, une vaste coalition demandait une commission de consultation sur le racisme systémique au Québec. Cette commission n’aura jamais eu lieu. Nous n’avons pas donné la parole aux personnes qui vivent le racisme au quotidien. Comment faire alors pour documenter la situation aujourd’hui en ce qui a trait aux inégalités entre les personnes blanches et racisées, définir les obstacles systémiques à l’égalité et prendre des mesures pour y remédier?

C’est aussi ça la solidarité

Comme mouvement syndical, nous avons une responsabilité de lutter contre l’arbitraire, la discrimination et l’injustice. C’est dans notre ADN. La discrimination n’a pas sa place dans les milieux de travail ni nulle part ailleurs dans notre société. C’est pourquoi vous nous verrez aux côtés de ces militantes et militants courageux qui clament haut et fort que « ça suffit »!

Vous voulez aussi être de bons alliés?

  • Soutenez financièrement les organismes qui œuvrent auprès des communautés racisées. Par exemple :
  • Encouragez les entreprises dans la communauté noire en faisant plus d’achats chez eux. C’est encore plus important en ces temps de pandémie;
  • Soyez à l’écoute des expériences des personnes racisées lorsqu’elles vous parlent de leurs difficultés d’accès au logement, à l’emploi, etc. Écoutez-les lorsqu’elles vous parlent de profilage ou de brutalité policière. Ne cherchez pas des excuses pour justifier la discrimination, écoutez, tout simplement;
  • Participez aux manifestations, partagez les pétitions, devenez des porte-voix;
  • Surtout, ne tolérerez pas les propos racistes et les gestes de discrimination!