C’est d’ailleurs l’une des principales préoccupations soulevées par la CSQ, alors que le gouvernement s’apprête à modifier la Loi sur la pharmacie. Son projet de loi no 31 vise à autoriser la pratique de huit nouvelles activités professionnelles pharmaceutiques, comme la prescription et l’administration de vaccin ou encore la prescription de tous les médicaments en vente libre.

Cependant, modifier le nouveau rôle de ces professionnels sans revoir leur rémunération est un non-sens. « Le gouvernement ne peut affirmer vouloir améliorer l’accès aux soins et, simultanément, autoriser la facturation des nouveaux services pharmaceutiques aux régimes d’assurance public et privé », déplore Sonia Ethier1.

En effet, lorsque des services assurés dans le réseau public hospitalier sont transférés en pharmacie communautaire privée, des frais d’honoraires professionnels initiaux et mensuels peuvent être exigés. Même si ces frais sont couverts par la RAMQ2, les personnes non couvertes par le volet public du régime général d’assurance médicaments ne sont pas assurées.

Une privatisation inquiétante

Ainsi, l’élargissement du rôle des pharmaciennes et pharmaciens, combiné à la réduction de l’offre de services publics et à la désassurance des services pharmaceutiques pour les personnes détenant une couverture d’assurance privée, constitue une privatisation insidieuse de services de santé. Une telle approche est inéquitable et contraire à l’esprit de la Loi canadienne sur la santé.

« Le gouvernement ne peut ignorer ces enjeux d’iniquités croissantes en matière de santé ni y contribuer. Il en va de l’accès équitable aux soins, donc du droit à la santé tel que reconnu par l’Organisation mondiale de la santé », affirme Sonia Ethier.


1 Sonia Ethier est présidente de la CSQ.
2 Régie de l’assurance maladie du Québec.