Depuis, ses fonctions et la complexité de ses mandats n’ont cessé d’évoluer. Sa contribution aux services de première ligne a pris des formes insoupçonnées, souvent méconnues, et a fait naitre une complicité avec les étudiantes et étudiants, dont il tire fierté et motivation. Une ombre demeure : la reconnaissance de son apport important dans toutes les sphères d’activités des cégeps. CSQ Le Magazine présente quelques-unes des luttes menées pour rendre au personnel de soutien ses lauriers.

John Cuffaro, Anne Dionne et Valérie Fontaine

Maillon essentiel de la réussite scolaire

Le nombre d’étudiantes et d’étudiants ayant des besoins particuliers a bondi dans les cégeps. Si l’on en dénombrait à peine 1300 en 2007, on en compte aujourd’hui plus de 17 000. Une telle progression nécessite une offre adéquate de services adaptés.

À l’interface entre les étudiants, les professionnels et les enseignants, les éducatrices et éducateurs spécialisés soutiennent et encadrent les jeunes aux parcours scolaires souvent atypiques et requérant des approches ciblées.

« Or, ce n’est qu’après des années de lutte, en collaboration étroite avec notre fédération, que le titre d’emploi d’éducateur spécialisé a été reconnu, en 2005, avant d’être généralisé à l’ensemble des cégeps, en 2008 », rappelle Anne Dionne1.

« Et ce n’est pas la première fois que nos efforts sont à l’origine de la constitution d’un titre d’emploi dédié aux étudiants ayant des besoins particuliers. La création de la catégorie du personnel interprète en langue des signes représente un autre bel exemple. Ces gains sont très significatifs, car ils témoignent de la valeur du travail du personnel de soutien et de son importance dans la réussite des jeunes », ajoute-t-elle.

Être reconnu à sa juste valeur

Par ailleurs, l’émergence d’activités de recherche dans le réseau collégial, conjuguée aux besoins précis et évolutifs des programmes de formation, a grandement diversifié les fonctions des techniciennes et techniciens en travaux pratiques (TTP).

« Les TTP sont fiers d’être à la fine pointe de leur domaine. On constate un réel intérêt de leur part à faire progresser leur expertise. Toutefois, bien que les directions apprécient leur capacité à réaliser des opérations de plus en plus complexes, cela ne se reflète pas dans leur rémunération », souligne Anne Dionne

« Plusieurs TTP doivent, par exemple, assumer des frais d’adhésion à des ordres professionnels sans contrepartie salariale. Nous suivons ce dossier de près et participons actuellement aux travaux d’un comité mixte du Comité patronal de négociation des collèges, qui pourrait déboucher sur la création de nouvelles catégories d’emplois », ajoute Valérie Fontaine2.

Fin d’une pratique discriminatoire

Jusqu’à tout récemment, les personnes salariées-élèves du collégial étaient moins rémunérées que le personnel exerçant les mêmes fonctions. Anne Dionne rappelle qu’en 2007, des salariés-élèves, membres du Syndicat du personnel de soutien du Collège de Sherbrooke, ont dénoncé leur exclusion de l’application de la Loi sur l’équité salariale en déposant une plainte à la Commission de l’équité salariale.

« Cette bataille de longue haleine s’est conclue en décembre 2016, alors qu’une entente est intervenue entre le Conseil du trésor et notre fédération. Nous sommes fiers de cette victoire, car, désormais, toutes les personnes salariées-élèves des cégeps ont droit au taux de traitement ou au premier échelon de l’échelle salariale de la classe d’emploi pour laquelle elles sont embauchées », poursuit-elle.

Colonne vertébrale du cégep

S’inscrire au cégep, faire son choix de cours, demander de l’information, voilà autant de gestes en apparence anodins, à la base du fonctionnement d’un établissement. Dans les faits, c’est le personnel administratif qui, chaque jour, soutient ces fonctions névralgiques.

Qu’il soit en contact direct avec la population étudiante ou qu’il offre un soutien administratif moins visible – mais crucial à l’offre de services –, le personnel de cette catégorie a subi d’importantes coupes au cours des dernières années.

« On tient souvent pour acquis le travail effectué par le personnel administratif et on semble croire, à tort, que c’est plus facile d’y retrancher des ressources. Or, les conditions d’études et de vie des étudiantes et étudiants dépendent beaucoup du travail réalisé par le personnel de soutien administratif. Ces coupes sont donc loin d’être anodines et sans conséquence », poursuit John Cuffaro3.

« Nous, les membres du personnel de soutien, sommes les seuls qui interviennent à tous les niveaux dans nos cégeps. Personne ne peut se passer de nous : qu’il s’agisse du personnel enseignant ou professionnel, des cadres ou des étudiantes et des étudiants. Nous sommes littéralement la colonne vertébrale des collèges et nous méritons d’être reconnus comme tels », conclut Anne Dionne.


1 Anne Dionne est présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ).
2 Valérie Fontaine est vice-présidente aux affaires administratives de la FPSES-CSQ.
3 John Cuffaro est vice-président aux affaires financières de la FPSES-CSQ.