Éducation, La une
Les défis de la profession enseignante en France
23 février 2012
Frédérique Rolet est cosecrétaire générale du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES-FSU), une organisation qui représente 68 000 enseignantes et enseignants en France. Invitée au Rendez-vous CSQ de l’éducation 2012, elle nous parle des principaux défis de la profession enseignante dans son pays qui présentent de nombreuses similarités avec les nôtres au Québec. Elle-même professeure de collège, agrégée de lettres classiques, elle est très au fait des pressions qui s’exercent sur cette profession qu’elle a fait sienne.
Reconstruire des repères
« La profession fait face à de nombreux défis dont la reconstitution des repères collectifs n’est pas le moindre. L’évolution des élèves, le changement du rapport des parents à l’école, l’utilisation des technologies, l’accroissement des tâches administratives et la transformation des politiques publiques sont autant de mutations qui viennent bouleverser la pratique enseignante. », précise la syndicaliste.
Lutter contre la logique de marché
Selon elle, la mise en concurrence des établissements et des enseignantes et enseignants entre eux vient perturber le climat scolaire et désolidariser les équipes pédagogiques qui peinent alors à relever le défi de l’école publique porteuse de l’égalité des chances. Cette mise en concurrence est une tentative pour casser les garanties statutaires de l’école commune qui se doit d’offrir des chances égales à toutes et à tous. Les indemnités d’intéressement collectif sont les instruments utilisés pour faciliter l’introduction de la logique de marché à l’intérieur même de l’école. « Les palmarès en tout genre sont venus exacerber cette concurrence et frapper de plein fouet le modèle de l’école pour tous qui prévalait jusqu’alors, », déplore Frédérique Rolet.
Auparavant, il y avait une carte scolaire et les parents devaient choisir l’école la plus proche pour leurs enfants, seuls les parents ayant des motifs sérieux pouvaient déroger à cette règle. Ce n’est plus le cas maintenant. « La mise au rancart de la carte scolaire facilite le « magasinage » de l’école par les parents et la hiérarchisation du système scolaire.», dit-elle.
Contrer la violence pour assurer un climat éducatif sain
Un autre grand défi de la profession enseignante est de composer avec la violence, principalement la violence verbale, qui est en forte hausse. Cette problématique est vraiment majeure et chaque nouveau ministre de l’éducation y va de son propre plan pour contrer la violence avec des succès le plus souvent mitigés, faute de personnel qualifié pour appuyer les enseignantes et les enseignants dans les écoles. « Il faut mieux organiser la lutte à ce fléau, car nous savons que la moitié des gestes de violence sont concentrés dans environ 10 % des écoles. Il est donc possible de déployer des mesures ciblées dans les écoles où le phénomène est concentré », de conclure la leader syndicale.