L'immensité du territoire1 est un facteur déterminant. « Rencontrer les directions d'école ou de services nécessite généralement deux journées de transport. Il faut aussi convaincre les arbitres de venir dans les communautés au nord. Les auditions de grief se déroulent souvent en anglais, et ce ne sont pas tous les arbitres qui sont bilingues », explique Larry Imbeault2.

À cela s'ajoute la difficulté de répondre aux besoins des élèves en difficulté d'apprentissage. « Les ressources humaines et financières sont insuffisantes et celles disponibles ne sont pas protégées dans des enveloppes dédiées. Les commissions scolaires les utilisent donc comme elles veulent, et les élèves en souffrent », dénonce-t-il.

De nombreux défis sociaux

Par ailleurs, les réalités sociales, notamment le cout de la vie et l’accès au logement, se heurtent aux règles des conventions collectives.

« Les personnes embauchées à plus de 50 km sont majoritairement des allochtones et elles ont accès à un logement fourni par l’employeur. Les personnes cries ou inuites embauchées localement, quant à elles, habitent des logements fournis par le gouvernement. Ce double standard crée certaines tensions, car la pénurie de logements décents pour les autochtones est présente dans toutes les communautés », poursuit François Beauchemin3.

Il observe que le syndicat a malheureusement peu d’influence pour forcer les gouvernements à investir dans la construction de logements décents, un facteur pourtant déterminant dans la réussite scolaire.

François Beauchemin, Daniel B. Lafrenière et Larry Imbeault

Miser sur la solidarité et le respect

Ne pas baisser les bras et poursuivre l’extraordinaire travail amorcé il y a 48 ans par l’AENQ-CSQ, voilà comment la CSQ peut soutenir les syndicats autochtones, selon Daniel B. Lafrenière4.

« Nos stratégies doivent tenir compte du contexte particulier que vivent toutes les communautés nordiques, au-delà de la vie purement syndicale. Nous devons les adapter pour offrir à nos membres la solidarité qui caractérise la CSQ relativement à leur identité propre, à leurs revendications spécifiques, à leur langue et à leur culture », conclut-il.


1 Nunavik : 14 communautés inuites sur plus de 507 000 km2. Territoire des Cris de la Baie-James : 9 communautés cries sur plus de 340 000 km2.
2 Larry Imbeault est président de l’Association des employés du Nord québécois (AENQ-CSQ).
3 François Beauchemin est conseiller syndical à l’AENQ-CSQ.
4 Daniel B. Lafrenière est secrétaire-trésorier de la CSQ.