L’automne dernier, le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ) a tenu une vaste conférence de consensus portant sur la mixité sociale et scolaire. Pourquoi je vous en parle aujourd’hui? Parce que le CTREQ a remis son rapport cette semaine et qu’il regorge d’idées pour le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge.

Il ne s’agit pas ici de lubies ou de « lobbies » comme se plaît à le dire le ministre. Il s’agit de près de 500 actrices et acteurs impliqués dans le monde de l’éducation au quotidien et qui ont longuement réfléchi afin de dégager certaines priorités d’action pour une école qui mise sur l’égalité des chances pour tous les élèves, jeunes ou adultes. Le rapport complet se trouve ici et il ferait une excellente lecture de chevet pour un ministre à la recherche de véritables priorités en éducation.

Depuis le rapport Parent, nous avons collectivement fait le choix d’une école publique forte et émancipatrice. Une école où égalité, solidarité et bienveillance prévalent malgré l’évolution effrénée de notre société. Or, depuis plusieurs années, cette école, bien collectif par excellence, est mise à mal et il est de plus en plus difficile d’assurer des chances égales à tous les élèves. La composition de la classe régulière y est pointée du doigt, tout comme cette compétition acharnée à laquelle semblent être condamnées nos écoles publiques pour attirer les élèves « plus performants » qui sont tentés par le privé.

Pourtant, cette ségrégation scolaire qui s’installe entre plus forts et plus faibles et cette homogénéisation des classes se fait au détriment des plus faibles. Les personnes qui sont intervenues durant la conférence du CTREQ nous apprenaient d’ailleurs que :

Les publics les plus défavorisés sont ceux qui peuvent le plus bénéficier d’une augmentation de l’hétérogénéité des classes sur le plan scolaire alors que les élèves les plus performants en souffriraient peu ou même pas du tout.

C’est là que le rapport de la conférence de consensus du CTREQ est intéressant. Il propose des pistes de solution qui devraient être nos véritables priorités collectives en éducation. Prenez des notes, monsieur le ministre, l’implantation de la maternelle 4 ans mur à mur n’y figure pas.

Voici quelques recommandations intéressantes issues de cet exercice rigoureux :

  • Soutenir le principe que chaque école doit avoir la possibilité de mettre en place un projet éducatif unique et stimulant, favorable à la mixité;
  • Réaffirmer l’importance de la notion du « vivre-ensemble» pour le bien-être de l’ensemble des élèves;
  • Mettre en place les conditions pour favoriser la collaboration des membres du personnel scolaire (cela signifie de dégager du temps afin que les différents membres de l’équipe-école puissent collaborer, échanger et mieux accompagner les élèves dans leur parcours scolaire);
  • Financement : offrir un financement plus équitable aux établissements et aux élèves.

Ce dernier point est la plus importante des recommandations. Celle dont dépendent toutes les autres. Sans les ressources financières adéquates et récurrentes, l’équité ne sera qu’un vœu pieux. À la veille du dépôt du budget du Québec, nous ne pouvons qu’espérer que le gouvernement Legault montrera, par ses choix budgétaires, que l’éducation est une véritable priorité!