Montréal, le 15 août 2022. – À quelques jours de la rentrée collégiale au Québec, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses fédérations du secteur collégial, la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ) et la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), ont tenu une conférence de presse aujourd’hui pour interpeller le gouvernement Legault afin qu’il s’attaque sans plus tarder au sérieux problème de pénurie de main-d’œuvre qui affecte le réseau collégial, notamment en améliorant rapidement les conditions de travail de l’ensemble du personnel.
Les présidences de la CSQ, Éric Gingras, de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, et de la FPPC-CSQ, Éric Cyr, soutiennent qu’il est plus que temps que le gouvernement Legault prenne la pleine mesure de ce qui se passe dans le réseau collégial, qu’il réalise que nous traversons une crise sérieuse causée par les difficultés d’attraction et de rétention du personnel et qu’il agisse en conséquence.
Pas de réussite étudiante sans le personnel
Le président de la CSQ, Éric Gingras, rappelle que le gouvernement doit réaliser que ses propres plans d’action sur la réussite et la santé mentale étudiantes ne peuvent pas se réaliser sans le personnel. « Si l’on veut retenir le personnel et attirer une relève, il faut absolument améliorer les conditions de travail de l’ensemble des personnels, enseignant, de soutien et professionnel. Le gouvernement devra profiter de la prochaine négociation, qui arrive à grands pas, pour se mettre au travail et offrir à ses travailleuses et travailleurs des conditions d’exercice plus attrayantes et plus concurrentielles. Faute de quoi, la qualité des services offerts aux étudiantes et aux étudiants sera de plus en plus affectée dans le réseau collégial. »
Plus de ressources enseignantes pour favoriser la réussite
Abondant dans le même sens, le président de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, ajoute que « c’est une évidence que, s’il n’y a pas assez d’employées et d’employés dans le réseau, que ce soit du personnel enseignant, de soutien ou professionnel, les cégeps ne peuvent fonctionner adéquatement et fournir la qualité de services à laquelle la communauté étudiante est en droit de s’attendre », constate-t-il.
Le président de FEC-CSQ précise qu’il est d’autant plus important de pouvoir compter sur suffisamment de personnel enseignant, car plusieurs étudiantes et étudiants seront affectés encore longtemps par les effets pervers de la pandémie. « D’une part, dans plusieurs programmes, notamment au secteur technique, l’attractivité n’est pas au rendez-vous et, d’autre part, la charge de travail du personnel en place doit être revue pour rendre les classes propices à la réussite. Or, cela nécessitera l’embauche de nouvelles personnes », ajoute-t-il.
Favoriser une gestion plus participative
Pour sa part, la présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, est d’avis que le contexte actuel des prochaines négociations est propice pour améliorer le réseau, en favorisant des modes de gestion plus participative, où l’on reconnaît l’expertise et l’autonomie de tous les personnels.
« Le monde du travail change partout autour de nous. Il est plus que temps que les cégeps s’adaptent à cette nouvelle réalité. Notre réseau collégial peut compter sur des travailleuses et des travailleurs compétents, qu’il s’agisse de ses enseignantes et enseignants, de ses professionnelles et professionnels tout comme de son personnel de soutien. Il faut, bien sûr, bonifier leurs conditions de travail pour les garder en emploi dans nos cégeps, mais également les assurer d’un environnement de travail plus valorisant où ils sont consultés et contribuent réellement à la bonne marche de l’établissement », fait valoir Valérie Fontaine.
Un secteur privé plus attrayant pour le personnel professionnel
Le président de la FPPC-CSQ, Éric Cyr, en rajoute en affirmant que « les méthodes de gestion actuelles sont très dommageables dans nos cégeps et ont un effet direct sur la rétention du personnel professionnel, qui a besoin de plus de latitude ».
« La pénurie de personnel est particulièrement criante chez les professionnelles et professionnels. Cela s’explique facilement quand on compare les conditions de travail de nos membres avec celles de leurs collègues dans le secteur privé. C’est clair que les cégeps sont perdants lorsqu’ils sont comparés à l’entreprise privée, qui a beau jeu de venir nous cannibaliser. Le seul remède pour mettre fin à la fuite de ces précieuses ressources humaines, c’est l’amélioration des conditions de travail et la reconnaissance de la capacité du personnel professionnel à gérer sa propre organisation du travail », de dire Éric Cyr.
Une ou un prochain ministre de l’Enseignement supérieur plus présent souhaité
En terminant, les quatre leaders syndicaux disent fortement souhaiter que le prochain gouvernement, quel qu’il soit, aura comme ministre de l’Enseignement supérieur une personne engagée, présente et capable de faire avancer ses dossiers au sein du Conseil des ministres.
Rappelons également que la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ont annoncé la formation d’un front commun afin de négocier d’une même voix avec le gouvernement. Les conventions collectives du secteur public viendront à échéance dans moins d’un an, soit le 31 mars 2023.