Québec, le 22 mars 2022. – « Le ministre des Finances, Éric Girard, vient de déposer, aujourd’hui, un budget qui fera certainement plaisir dans l’immédiat à un grand nombre de Québécoises et de Québécois, mais qui ne règle pas nos problèmes à long terme. »
Telle est la réaction du président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, au dépôt du quatrième budget du gouvernement Legault.
« Les finances du Québec sont en excellente situation. Soyons clairs, si on ne prend pas en compte le versement au Fonds des générations, le Québec sera à l’équilibre budgétaire dès l’année prochaine. Il n’y a pas de déficit structurel. Dans ce contexte budgétaire favorable, le gouvernement avait l’opportunité de procéder à des changements structurels qui pressent et de mettre en place une vision à long terme du développement de nos services publics. Malheureusement, enfermé dans sa vision comptable, le gouvernement de la CAQ a préféré des solutions simples, immédiates et séduisantes pour les électrices et les électeurs », constate Éric Gingras.
Une solution ponctuelle pour des problèmes durables
Ce dernier précise qu’il est difficile, en effet, de ne pas voir ces 3,2 milliards de dollars versés directement dans la poche de 6,4 millions de Québécoises et de Québécois comme un cadeau qui tombe drôlement bien à l’approche des élections. « Tout le monde va être content de recevoir 500 dollars ce printemps, mais l’année prochaine, que restera-t-il? Les coûts du logement, de l’alimentation et de l’énergie vont continuer d’augmenter. Le gouvernement aurait pu utiliser sa marge de manœuvre pour mettre en place des mesures structurantes et durables afin de lutter contre la hausse des prix. C’est décevant de constater qu’en 2022-2023, c’est uniquement 115 millions de dollars, soit 30 fois moins d’argent, qui iront pour améliorer l’offre de logement social et abordable et aider à la transition hors du pétrole. »
Annonces mitigées en éducation
En éducation, le gouvernement semble avoir répondu à notre appel de ne pas révoquer brutalement les mesures mises en place lors de la pandémie afin de venir en aide aux élèves en difficulté. En effet, près de la moitié des 275 millions de dollars supplémentaires annoncés va servir à maintenir les mesures d’urgence. « Cela est rassurant, car les retards d’apprentissage et les besoins des élèves en difficulté ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Cependant, avec des budgets qui vont augmenter de 5,4 à 3 % dans les prochaines années, on ne peut pas dire que l’éducation est une réelle priorité », de dire le président de la CSQ. Le gouvernement annonce pour quelque 34 millions de dollars de mesures pour la formation professionnelle, sans les définir. Pouvons-nous espérer que le gouvernement permettra enfin qu’on s’y inscrive à temps partiel, comme nous le demandons depuis longtemps?
Réinvestissements en enseignement supérieur
Les réinvestissements en enseignement supérieur seront majoritairement consacrés au programme de prêts et bourses et seront accueillis favorablement par les étudiantes et les étudiants qui pourront en profiter. Jusqu’à 63 millions de dollars par année seront injectés afin de favoriser l’attraction des cégeps en région. Espérons que les détails du programme ne révéleront pas des mécanismes favorisant la compétition entre les établissements.
Une année de sursis en santé et services sociaux
Le budget de la santé gagne encore une année de sursis, avec une croissance annoncée de 6,3 % cette année, mais, dès l’année prochaine, le gouvernement annonce une augmentation qui couvrira à peine les coûts de système. Faut-il craindre de nouvelles compressions ou des mesures de privatisation?
Le gouvernement semble avoir pris acte du résultat des dernières négociations et des besoins criants en termes d’organisation du travail. En effet, sur les 900 millions de dollars de nouvel argent injectés cette année, c’est plus de la moitié qui servira à cette fin. Notons que le budget ne contient que quelque 400 millions de dollars d’initiatives nouvelles pour cette année. Du côté des soins aux personnes aînées, les 234 millions de dollars annoncés pour les soins et services aux aînés sont les bienvenus, mais nettement insuffisants pour rencontrer les besoins criants exposés par la pandémie. Du même souffle, avec l’explosion des besoins en santé mentale, le montant de 35 millions de dollars investi dans ce secteur est une mince consolation.
Rehaussement de budget dans le secteur communautaire
D’autre part, Éric Gingras tient à saluer le rehaussement du financement des organismes communautaires autonomes. Bien que l’augmentation de 117 millions de dollars, en 2022-2023, ne répond pas à l’ensemble des besoins identifiés par les groupes, il s’agit tout de même d’un pas significatif.
L’environnement, un rendez-vous manqué
Au sortir de la crise sanitaire et inflationniste, la crise environnementale s’accélérera encore. Le gouvernement de la CAQ manque une occasion de marquer un coup dans la lutte aux changements climatiques. Les initiatives nouvelles sont au compte-gouttes. Le gouvernement de la CAQ s’appuie sur son plan annoncé en 2020 sans prendre d’engagements additionnels. « C’est dommage, car le gouvernement avait l’occasion de faire d’une pierre, deux coups, en accélérant le développement du transport en commun et en aidant les ménages à délaisser les véhicules à essence. Mais il n’en a rien fait. C’est ici que le manque de vision du gouvernement est le plus criant », conclut le président de la CSQ.
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