L’annonce a eu l’effet d’une bombe. En mai 2015, les bureaux d’aide financière aux études des cégeps se voient retirer l’accès au profil de traitement des demandes d’aide financière, le « profil 3 ». Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur souhaite alors centraliser les ressources afin de réaliser des économies.
Pour Monique Lussier1, c’est le début d’un véritable calvaire. Conseillère à la vie étudiante au Cégep Marie-Victorin, elle a rapidement constaté les dommages sur le terrain.
« Si l’accès au “profil 3” nous permettait d’offrir un service direct, local et rapide, la situation a complètement changé après l’imposition de la décision du ministère. Les délais de traitement ont atteint plusieurs semaines, ce qui a plongé des personnes vulnérables dans une grande précarité », explique-t-elle.
« Il faut savoir qu’en raison des programmes qu’il offre et de sa localisation, le Cégep Marie-Victorin accueille majoritairement des étudiantes issues de milieux socioéconomiques défavorisés, aux parcours de vie et aux besoins particuliers. L’obtention rapide d’une aide financière leur est donc essentielle… Il m’était très difficile d’être aussi impuissante devant leurs besoins. C’est mon implication syndicale qui m’a permis de garder mon équilibre, c’est vraiment ce qui m’a sauvée », poursuit Monique Lussier.
Une occasion saisie au vol
En décembre 2016, le passage de la ministre David au cégep lui offre une occasion en or d’agir. « En tant que militante, j’ai interpelé directement la ministre en lui exposant concrètement les dommages collatéraux de cette décision sur les étudiantes, des femmes parmi les plus vulnérables, pour la plupart issues de l’immigration, effectuant un retour aux études ou en situation de monoparentalité », raconte-t-elle.
La ministre David n’était visiblement pas au courant, et ses attachés ont été surpris par l’intervention de la conseillère. « Je pense qu’elle a été ébranlée. Par la suite, nous avons maintenu le contact avec elle, notamment par l’envoi d’une lettre précisant l’ampleur du problème », ajoute-t-elle.
L’action de Monique Lussier a fait boule de neige. Cinq mois plus tard, le bureau d’aide financière aux études du Cégep Marie-Victorin a obtenu à nouveau l’accès au « profil 3 », et sa conseillère, la fierté de servir ses étudiantes et étudiants à la hauteur de leurs besoins.
1 Monique Lussier est présidente du Syndicat du personnel professionnel du Cégep Marie-Victorin, affilié à la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ).