Montréal, le 23 août 2021. – À quelques jours d’une nouvelle rentrée scolaire dans un contexte de pandémie pour les milliers de membres du personnel enseignant, de soutien et professionnel, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) plaide pour davantage de prévisibilité, de ressources et de temps pour permettre au personnel d’accomplir son travail dans les meilleures conditions possibles, au bénéfice des élèves. Selon la centrale qui représente la majorité du personnel scolaire au Québec, l’objectif premier doit être de maintenir les écoles et les centres ouverts et de raccrocher les élèves jeunes comme adultes. Pour y arriver, un esprit de prévention dans la mise en place des mesures sanitaires s’avèrera crucial pour assurer que les écoles soient des milieux de vie. Pour mieux intervenir auprès des élèves de tous les secteurs, la CSQ réclame un état des lieux sur la réussite, les apprentissages et le bien-être des élèves permettant de mesurer et de mieux comprendre les impacts de la pandémie sur le réseau, du préscolaire jusqu’à l’éducation des adultes, incluant la formation professionnelle. Finalement, le dossier de la qualité de l’air des écoles sera aussi suivi de près par la centrale qui continue de déplorer les retards dans l’installation des détecteurs de CO2.
De l’air pour le personnel
Sous le thème, «L’éducation a besoin d’air», les présidences de la CSQ, Éric Gingras, de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) Josée Scalabrini, de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost, et de la Fédération des professionnels et professionnelles de l’éducation (FPPE-CSQ), Jacques Landry, rappellent qu’après une année et demie de chambardements marquée par la fermeture de classes et d’écoles, il est plus que temps de donner au personnel des conditions favorables pour enseigner, accompagner et soutenir les élèves dans leurs apprentissages et leur développement. « Le personnel scolaire a vécu de l’adversité dans la dernière année et demie. Après des mois de revirements, de fermetures de classes, d’écoles ou de centres, d’enseignement à distance, de mise en place de services de garde d’urgence et de sous-investissements dans les ressources professionnelles, il est temps de permettre au personnel de retrouver son souffle. Devant la pénurie de main d’œuvre qui sévit à tous les niveaux, il faut donner de l’espace, des moyens et du temps au personnel en place, afin que leur travail soit fait adéquatement, au bénéfice des élèves qui ont droit à ces services. Aidons le personnel à mieux aider les élèves! », plaident les porte-parole.
De l’air pour les élèves dans tous les milieux
Plusieurs mois après le début de la pandémie responsable de plusieurs interruptions de services, la CSQ met en lumière l’explosion des besoins en soutien et accompagnement pour les élèves du réseau scolaire. L’organisation identifie deux éléments qui permettraient de donner de l’air aux élèves :
- Favoriser le plus possible la présence à l’école, en toute sécurité et dans le respect des consignes sanitaires, mais aussi dans un environnement aussi naturel et normal que possible dans le contexte pandémique;
- Assurer l’égalité des chances en raccrochant les élèves, jeunes et adultes, qui ont décroché, en portant une attention particulière aux élèves qui sont plus vulnérables.
Pour bien soutenir ces objectifs, la CSQ juge primordial de réaliser un bilan des répercussions de la pandémie sur la réussite et les apprentissages du primaire jusqu’à l’éducation des adultes, en tenant compte notamment des différenciations socioéconomiques, ethnoculturelles et de genre des élèves afin de mettre en place des mesures appropriées. Tant pour les jeunes que pour les adultes en formation, la CSQ estime qu’un portrait des impacts de la pandémie sur les élèves de tous âges permettrait d’adopter des plans d’intervention spécifiques dédiés pour les jeunes et adultes qui fréquentent le réseau scolaire. « La pandémie a généré plusieurs impacts sur les jeunes, mais aussi sur les adultes en formation. Pour mieux intervenir, il faut établir un diagnostic de ce qui se passe actuellement sur le terrain et surtout, des conséquences que les évènements des derniers mois ont générées. Par la suite, plutôt que de procéder par un saupoudrage de mesures comme on le voit depuis quelques mois, le gouvernement pourrait intervenir avec cohérence en répondant aux enjeux vécus dans les milieux par le personnel et les élèves. On ne pourra pas se relever deux fois de la pandémie. L’avenir de nos écoles et de nos centres en valent la peine! », disent les présidences.
L’éternel dossier de la qualité de l’air
Finalement, la CSQ demande un air de qualité en éducation. Se disant impatiente de voir les avancées sur le terrain, elle compte suivre de très près le dossier de la qualité de l’air des écoles qui semble faire du surplace depuis plusieurs années au Québec. Après des tests qui n’ont pas respecté les protocoles en vigueur et des résultats qui, dans la moitié des cas (48,8%), dépassaient les seuils admis de 1000 particules par million (PPM) fixés par les autorités, les retards dans l’installation de détecteurs de CO2 contribuent au scepticisme du personnel. « Après les nombreux retards et les cafouillages vécus dans les derniers mois, qui peut réellement penser que le ministère de l’Éducation atteindra ses nouvelles cibles dans l’installation des détecteurs de CO2? Il aura fallu une pandémie mondiale pour que l’on s’active et encore, il faut déplorer que la majorité du personnel travaille toujours aujourd’hui sans connaître le niveau de la qualité de l’air », concluent les responsables syndicaux.
Citations
« L’éducation a besoin d’air. La rentrée scolaire est l’occasion de repartir sur de nouvelles bases qui vont permettre de répondre à des enjeux importants de l’école publique : le manque de ressources et de prévisibilité ainsi que la surcharge de travail. Après l’année et demie vécue dans un contexte de pandémie, il est temps de faire un diagnostic des répercussions de la pandémie, de ce qui ne va pas sur le terrain. Un état des lieux qui débouche sur un plan d’action cohérent et sur le long terme serait l’occasion d’agir à la hauteur des besoins des élèves et du personnel, du préscolaire jusqu’à l’éducation des adultes » – Éric Gingras, président de la CSQ
« Depuis le début de la pandémie et des circonstances hors du commun qui en découlent, on a pu compter sur les enseignants pour porter le réseau à bout de bras et répondre aux besoins des élèves, et ce, tant dans les écoles que les centres. Les enseignants doivent maintenant pouvoir compter sur le ministère et les directions pour leur accorder du temps de préparation et d’encadrement des élèves, tout en permettant que s’exerce leur autonomie professionnelle. Les profs ont toute l’expertise nécessaire pour faire les choix les plus pertinents dans leur pédagogie et leur formation, comme la loi le reconnait maintenant. Maintenant faisons-leur confiance, donnons-leur du temps, des ressources et de l’air et laissons-les enseigner. » – Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.
« Le taux de précarité du personnel de soutien scolaire est de 70%. C’est difficile à comprendre alors qu’on est en pleine pénurie de main d’œuvre et qu’il existe plusieurs solutions! À titre d’exemple, à la place de sous-traiter l’installation du nouveau matériel de ventilation, il faut impliquer le personnel de soutien scolaire déjà en place. Nous avons les compétences pour le faire. Offrir des postes permanents à temps complet rendrait le domaine de l’éducation plus attrayant, en plus d’assurer une stabilité aux élèves et aux étudiants qui développent des liens avec nous. » – Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ
« Sans surprise après une année et demie de pandémie, la santé mentale de trop d’élèves québécois vacille. Il faut donner de l’air aux élèves, leur redonner espoir, la motivation pour traverser le dernier droit de la pandémie. Pour y arriver, il faut plus de pros, des intervenants psychosociaux diversifiés, des professionnels qui agissent dans les moments cruciaux comme les transitions, qui travaillent à la réussite éducative, au rattrapage scolaire, à l’engagement, au bien-être à l’école et à la persévérance. Pour ce faire, on doit investir massivement pour embaucher des professionnels qui vont intervenir directement dans le milieu de vie des jeunes. Les défis sont immenses, les besoins sont urgents. Ça presse! » – Jacques Landry, président de la FPPE-CSQ.